- alain
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24052016
Economie
Les taux d'intérêts négatifs, une « révolution silencieuse » ?
24 mai 2016
Devrons-nous payer pour épargner ?
A la lumière des dernières déclarations et aveux de la BPCE, le groupe bancaire Banques populaires-caisses d'épargne, c'est une question que l'on peut légitimement se poser.
Depuis 2014, la BCE (Banque Centrale Européenne) a baissé certains taux d'intérêts en dessous de zéro et on a vu apparaître les taux négatifs. En fait, nous n'avons rien vu puisqu'il s'agissait simplement de taux fixés par la BCE à l'encontre des sommes que les banques ont en dépôt au jour le jour auprès de la banque centrale. On pouvait se dire que cela ne nous concernait pas, que c'était « de l'économie » dont une matière plutôt austère et fermée à la compréhension du citoyen lambda.
Pourquoi des taux d'intérêts négatifs ?
C'est la conséquence de la politique monétaire voulue par la BCE et les autres banques centrales (Japonaise, américaine...) qui ont fixé des taux directeurs à zéro et font payer les banques déposant des liquidités chez elles. Ainsi, les dépôts des banques auprès de la BCE sont actuellement rémunérés au taux de -0,40 % autrement dit, nos banques payent à la BCE de l'argent qu'elles lui prêtent et celle-ci exerce en fait une pression sous la forme « prêtez ou perdez ».
L'objectif de la banque centrale c'est la relance économique : en rendant le crédit peu coûteux, elle espère faire redémarrer l'investissement et la consommation, les deux moteurs essentiels d'une économie actuellement atone. Elle veut donc que les banques prêtent aux entreprises et aux particuliers. Un autre objectif sûrement moins avouable est la crainte que les Etats trop endettés ne fassent faillites.
La politique de la BCE est-elle efficace ?
Tous les économistes semblent d'accord sur l'inefficacité de cette politique appliquée à des Etats vieillissant d'où une consommation amoindrie, un phénomène accentué par le chômage, les inégalités et parfois la baisse des salaires réels. A ceci, s'ajoute les effets la crise de 2008 avec la création d'une masse monétaire gigantesque (la fameuse « bulle financière »).
Les déclarations des dirigeants de la BPCE (groupe banque populaire-caisse d'épargne) lors de l'assemblée générale avouant pour la première fois qu'une banque française pratique des taux d'intérêts négatifs sur les dépôts de certaines entreprises, a fait l'effet d'une bombe dans les milieux économiques.
Certes, seules les entreprises parmi les plus grosses sont concernées pour le moment mais cela révèle que la pratique consistant pour les banques à récupérer un peu de ce que leur coûtent les taux négatifs pratiqués par la banque centrale sur leur dépôts, est entrée dans les faits. Nul doute d'ailleurs que les autres banques n'en fassent autant...
Pour le commun des mortels, l'un des rôles des banques est de distribuer le crédit. L'intérêt de nos banques seraient plutôt de prêter et non de laisser leur pactole en dépôt à la Banque centrale (BCE).
Pourquoi donc les banques laissent "dormir" de l'argent auprès de la BCE alors que cela leur coûte ?
Tout simplement par manque de demande : les entreprises et les particuliers ont mis un frein à leurs investissements par manque de confiance en l'avenir et par manque de lisibilité quant à l'évolution économique.
Pourquoi les grandes entreprises acceptent-elles de payer pour de l'argent qu'elles placent auprès de leur banquier ?
Les grandes entreprises, en tout cas celles les mieux notées sur les marchés financiers, peuvent émettre des billets de trésorerie à taux négatif pour placer cet argent à taux positif ou nul auprès de leur banque pour réaliser ainsi des profits financiers à l'exemple, notamment, de Véolia qui engrange jusqu'à 10 millions d'euros de gain financier annuel.
Quid pour les dépôts des particuliers ?
On trouve dans le raisonnement des chroniqueurs économiques tout et son contraire. Les taux négatifs s'appliqueront-ils à nos dépôts ? Pour les uns, l'existence en France des livrets A constituerait un frein à l'application des taux négatifs : la réglementation du livret A interdit les taux négatifs et il y a fort à parier que les particuliers se réfugieraient sur ce type de produit délaissant assurance-vie et autres épargnes.
D'autres chroniqueurs semblent moins optimistes et envisagent la modification de la législation en la matière...
Peut-on espérer des emprunts à taux d'intérêts négatifs ?
Cela est arrivé au Danemark et en Belgique, mais il s'agissait de crédits à taux variables qui s'ajustent en fonction des variations des taux d'intérêts. Mais pour la France, outre que ce type d'emprunt est moins courant, les crédits à taux fixes sont réglementés et le Code Civil interdit à une banque de prêter à perte à un particulier...
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