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alain- Messages : 11587
Date d'inscription : 11/04/2011
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Localisation : EL JADIDA (Maroc)
Un passeur de mémoires, Mustapha Jmahri
Ven 01 Mar 2024, 22:11
Un passeur de mémoire, Mustapha Jmahri
C'est un peu la rentrée des classes, ce soir 1er mars. L'Institut français fête les 30 ans de recherches et de témoignages que Mustapha Jmahri consacre à sa ville Mazagan-El Jadida. Sans doute lorsqu'il édite le premier "Cahier d'El Jadida" en 1993, une bibliographie sur l'histoire d'El Jadida, tout exprès destinée aux doctorants en histoire pour susciter des travaux de recherche à réaliser, ne se doutait il pas qu'il devrait mettre la main à la pâte. Il est vrai que la somme de travail sur l'histoire de la ville se présente comme un monument à escalader. Mazagan est une ville cosmopolite où se mêlent différentes nations, différentes religions, différentes cultures. Et, ce qu'on en revit aujourd'hui, après 24 "Cahiers d'El Jadida" c'est que tout ce monde se côtoie et forme une communauté laborieuse. L'agriculture, les colons, les femmes, le port, ses deux siècles d'histoire consulaire, renaissent sous la plume alerte de Mustapha Jmahri.
Alors, la fête peut commencer : une fête qui réunit une assemblée nombreuse et attentive, venue aussi rendre hommage à celui qui redonne de la mémoire à sa ville, notre ville car une ville sans mémoire a-t-elle de l'avenir ?
On est un peu désorienté par la manière donc le modérateur du jour, l'ami Abdelali Errehouni, toujours égal à lui-même, et Mustapha Jmahri ont conçu cette rencontre. Mais, on s'y fait finalement bien vite : une photo est projetée sur écran et Mustapha la commente avant de passer à la suivante. On comprend sa passion pour l'histoire de Mazagan dès la première diapositive, celle d'une bicyclette conduite par un adulte et un enfant. Mustapha se rappelle, non sans un brin d'émotion, les ballades à vélo avec son père où ils circulent dans toutes les artères de la ville et où ce dernier lui conte les histoires, petites ou grandes, qui s'y sont déroulées.
Son projet, Mustapha Jmahri le construit par petites touches, comme le peintre son tableau. C'est que le passé de Mazagan est riche et l'historien s'attache à rassembler autant que possible les témoignages avant que ceux-ci ne disparaissent à jamais.
Sa quête d'informations le conduit à faire connaissance avec des acteurs plus ou moins célèbres de la vie mazaganaise : Driss Chraïbi, Fouad Laroui, Nouzha Skalli... dont certains ont préfacé ces "Cahiers".
Comme une majorité des jdidis présents - "toujours jeunes dans leur tête" comme se plut à le dire Abdelali - Mazagan qu'ils ont connu, n'est plus. Les communautés se sont dissoutes, le port de Jorf-Lasfar a fait son oeuvre, apportant à la ville une population importante, une ville avec un visage nouveau qui a étouffé la vieille ville... Il est donc urgent d'en conserver la mémoire, ce à quoi s'emploie Mustapha Jmahri, un peu esseulé dans cette oeuvre colossale...
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