L'architecture moderne au Maroc : une conférence de M. J-Louis Cohen

Une belle assistance se pressait lorsque Madame la Directrice de l'Institut Français d'El Jadida présenta au public venu dans la belle galerie Chaïbia Talal (dont les murs accueillaient d'ailleurs une exposition pour commémorer le dixième anniversaire de la disparition de cette grande artiste peintre) M. Jean-Louis Cohen, architecte et historien, professeur d'histoire et d'architecture à l'Institute of Fine Arts de New-York University.

Le thème du jour, "l'architecture moderne au Maroc", était assorti de la question : "unique, spécifique ou conforme ?" Le conférencier indiqua qu'il avait travaillé à Casablanca durant une quinzaine d'années et, devant l'absence de publication sur le patrimoine historique de la ville, s'était mis au travail dont le résultat fut un énorme livre, fruit de ses recherches. Il se réjouit que, désormais, émerge un mouvement de la société civile tel "Casamémoire" qui prend en compte les recherches sur le patrimoine historique au Maroc.

Ce que l'on dénomme sous le vocable d'architecture moderne, a commencé aux alentours du début du XXème siècle et s'est prolongé jusqu'aux années 1960. L'architecture moderne coïncide avec le début du Protectorat. Lyautey s'était entouré de conseillers qui, à l'instar de l'architecte Forestier, lui ont conseillé de ne pas toucher aux villes marocaines traditionnelles et de construire à côté en ouvrant des jardins. Tout au contraire de ce que l'administration en charge de l'Algérie avait fait : destruction des habitations traditionnelles et constructions nouvelles dans un style importé et imposé. Lyautey laisse une certaine liberté aux architectes venus d'Europe tout en recommandant des constructions respectant la tradition de l'architecture marocaine pour l'aspect extérieur tout en innovant quant à l'architecture intérieure. C'est ce qu'on appellera "l'arabisance"

L'urbanisme et l'architecture marocaines constituent alors des expériences nouvelles d'organisation de la ville à tel point que l'on peut parler d'un véritable laboratoire en la matière. Des idées nouvelles se font jour au Maroc et vont se propager dans les pays européens ou aux Etats-Unis. Le béton est expérimenté et permet la création de courbes...

De grands architectes ont contribué à ces expériences tels  Jean-François Zévaco, né au Maroc et qui a décidé d'y rester et d'y travailler, ou l'urbaniste Henri Prost... L'influence extérieure a également joué dans la réalisation de certains bâtiments et de certaines urbanisations. La cité radieuse de Le Corbusier a eu quelques répliques à Casablanca, notamment.