Conférence de Tahar BEN JELLOUN à la Faculté des lettres et sciences humaines d'El Jadida

Une conférence tenue à la Faculté des lettres et sciences humaines d'El Jadida par Tahar BEN JELLOUN a débuté la 3ème édition des Journées de la créativité de l'étudiant de l'Université Chouaïb Doukkali qui se déroule du 28 avril 2014 au 04 mai 2014.

Vers 15 heures ce lundi 28 avril, l'amphithéâtre affichait complet lorsque démarra la conférence du célèbre écrivain sur le thème : « Que peut la littérature ? »

D'emblée, l'auteur de « la nuit sacrée », prix Goncourt 1987 nous fit partager sa conviction : « écrire ne va pas changer le monde mais il faut continuer dans l'écriture parce qu'il n'y a pire que le silence. » Mais si la littérature n'a pas le pouvoir de changer le monde, les écrivains, selon Balzac, sont « des empêcheurs de tourner en rond » et le livre qui inquiète pousse à la réflexion.

Sa préférence est nettement en faveur de la deuxième catégorie. Enfonçant le clou, même si ses propos sont nuancés quant à Proust, il définit l'écrivain comme un homme à l'écoute des autres. « Ecrire, c'est d'abord écouter pour traduire les troubles des autres ». L'écrivain est un témoin de son époque. Il déblaye le terrain pour comprendre ce qui se passe.
Au travers des exemples de l'actualité (« révolutions arabes » et des dictatures), Tahar Ben Jelloun voit en l'homme le pire et le meilleur et il fait sienne la sentence : « un homme est un homme pour l'homme ». Face à cela, que peut la littérature, se pose à nouveau le conférencier. Et la réponse qu'il donne : « réfléchir sur le mal », sujet récurrent de toutes les littératures ; qu'est ce qui fait que l'homme est capable, y compris dans la même journée, du mal et du meilleur ?

Un pessimisme peut être perçu dans ses propos : l'être humain ne changera jamais, tout être tend à ne jamais changer sur le fonds... C'est pour cela que l'écrivain doit être quelqu'un qui dérange.

Sur la crise mondiale d'aujourd'hui, il a cette réflexion que nous pouvons faire nôtre : il s'agit non d'une crise économique mais d'une crise profondément morale. On n'a plus confiance en nos élites qui nous gouvernent sur fonds de tromperie.

Compte rendu de Jean-Claude Baudais et Alain Degans