L'Economiste a écrit:

En ce début du mois d’août, la ville d’El Jadida

La production de la betterave à sucre a dépassé 1,4 million de tonnes sur une superficie de 19.200 ha. Le rendement moyen s’est élevé de 73 tonnes/ha, soit 11,5 tonnes de sucre à l’hectare, une productivité proche de celle réalisée dans les pays européens. Au total, la production sucrière a augmenté de 9% cette campagne à 185.000 tonnes. Ce volume a amené l’outil industriel Cosumar-Sidi Bennour à fonctionner à plein régime. Le rythme moyen de traitement a dépassé le niveau habituel de 14.000 tonnes/jour pour atteindre des pics records de 18.000 tonnes

est prise d’assaut par les estivants venus d’autres régions mais aussi des contrées avoisinantes. La cité double pratiquement sa population en été. Le jour, la circulation est très dense, sur certaines artères attenantes à la plage. Souvent, les piétons doivent même jouer du coude pour se frayer le passage. Car, à la marée humaine s’ajoutent le commerce ambulant et l’occupation du domaine public. La nuit, la fébrilité ne perd pas en intensité. Au contraire, l’animation dure jusqu’au petit matin, attisée en cela par la célébration des mariages. Et cette année, bonne campagne agricole oblige, les noces sont plus nombreuses que d’accoutumée.

De fait, la région de Doukkala-Abda s’érige en modèle intégré en termes de production et de valorisation  agricoles. Elle compte deux  laiteries, une sucrerie, six usines d’aliment de bétail, autant d’ateliers de conditionnement d’engrais, onze minoteries et 8 unités d’emballage et conditionnement de produits maraîchers. Mais vu le rythme accéléré de la production agricole, des composantes de certaines filières peinent à suivre. (Voir encadré ci-contre). L’amont agricole se distingue en effet, par une évolution soutenue des productions et des rendements. C’est le cas de la betterave à sucre, de la production laitière, des céréales et des viandes rouges.

Mais l’exemple de la culture betteravière reste de loin le plus édifiant. Fief de Cosumar, bien avant la libéralisation de la filière, la région réalise aujourd’hui des rendements proches de ceux de l’Europe. «Le rendement moyen du sucre à l’hectare a atteint cette campagne 11,5 tonnes», indique Abdeljaouad Slaoui, directeur de la sucrerie de Sidi Bennour. Des pics de 16 tonnes à l’hectare ont été relevés dans des exploitations de taille moyenne.

Pourtant, la culture de betterave à sucre est menée, pour l’essentiel, sur de micro-exploitations. La taille moyenne est de l’ordre de 2,5 ha en 2014-2015.

Il n’empêche que le revenu moyen des betteraviers a augmenté de dix mille dirhams depuis le lancement du plan Maroc Vert en 2008. Il est ainsi passé de 25.000 à 35.000 DH/ha. La recette? La synergie active parmi les partenaires regroupés au sein du Comité régional de la betterave à sucre. Et le constat est unanime.

L’Association des betteraviers, l’Office de mise en valeur agricole et l’opérateur industriel collaborent étroitement pour préparer et mener à terme la campagne. Résultat, la semence mono germe est généralisée à 100%. 

Idem des semis mécanisés. Et la moitié de la récolte sera mécanisée l’année prochaine contre 25% durant cette campagne.

L’irrigation localisée a également permis des économies substantielles sur les coûts de production. «Outre la plus-value sur la facture d’eau, la fertigation (passage des fertilisants avec la ressource) a réduit de plus de moitié l’utilisation des engrais», estime Hamid Imrane, membre influent dans plusieurs associations. Pour cet opérateur dont l’activité est beaucoup plus concentrée dans la production des semences sélectionnées, un changement de méthodes et des techniques culturales a gagné toutes les filières. Les agriculteurs ne lésinent plus sur les intrants. «Les aides de l’Etat, le conseil et l’encadrement de proximité expliquent les avancées réalisées dans la région», résume Imrane.

Dans la zone Gharbia, fief des producteurs de semences, les rendements varient entre 70 et 80 quintaux à l’hectare, voire des pics de 85 quintaux. L’Association des producteurs des semences dont Hamid Imrane est vice-président a pour objectif d’atteindre 230.000 tonnes à l’horizon 2020. Aujourd’hui, elle en assure déjà 160.000 tonnes.

Un changement en profondeur tend également à se généraliser parmi les éleveurs. Tout particulièrement, l’élevage laitier. La présence en effet, dans la région de deux gros industriels, Nestlé et la Centrale Laitière Danone a joué un rôle de locomotive et surtout d’amélioration de la qualité. La région des Doukkala assure actuellement plus du cinquième de la production nationale du lait. «Les producteurs qui maîtrisent la production de l’alimentation du bétail arrivent à obtenir des prix rémunérateurs», explique Ahmed Hansali, gros éleveur de la région. La production du fourrage et l’ensilage en temps opportun permettent également de réduire les coûts de production. Selon Hansali, le prix de revient du litre du lait varie, dans ces conditions, entre 2,30 et 2,50 DH alors que le prix de vente peut atteindre 4,30 DH le litre pour une bonne qualité.          

Ce sont entre autres exemples qui expliquent l’essor de l’investissement agricole dans la région. Depuis 2008, année de référence, il a culminé à plus de 2,8 milliards de DH et le montant des subventions servies à ce titre a dépassé 1,4 milliard. Il n’empêche que la région recèle encore d’importantes opportunités d’affaires.