un public nombreux, jeune et à dominante féminine
Khatiba Moundib et Abdelali Errehouni sous le "feu" des questions, Malika Sodaiguiles deux ouvrages de Khatiba Moundib l'une des oeuvres de Malika Sodaigui
| Qui plus que Abdelali Errehouni aurait pu animer cette rencontre avec la poétesse jdidie Khatiba Moundib ? La soirée s'annonçait brillante tant Abdelali fut le partenaire idéal pour Khatiba. Il faut dire que ce n'était pas la première fois qu'un tel partenariat se produisait et les deux protagonistes se connaissent bien.
Devant une médiathèque Driss-Chraïbi pleine à craquer qui faisait regretter au Directeur de l'Institut Français d'avoir était trop prudent alors même que la nouvelle salle de l'église de l'Assomption aurait pu contenir avec plus de confort l'assistance d'un soir, Abdelali ouvrit les « débats » par un hommage appuyé envers toutes les femmes, insistant pour dire que la « journée de la femme » c'est le 07 mars, le 08 mars, le 09 mars...
Khatiba Moundib est venu à l'écriture suite à une déchirure dans sa vie : la perte du frère tant aimé dans les circonstances exceptionnelles des attentats qu'a vécus Casablanca en 2003.
En Khatiba Moundib, il y a, selon Abdelali, deux personnages : la poétesse et la femme engagée. Il veut tout d'abord évoquer la première et pose d'entrée la question de savoir ce que l'écriture a apporté à Khatiba, faisant observer la violence des textes du premier recueil de poèmes « Larmes de sang ». Celle-ci, en préliminaire, dit ne pas aimer le terme de « fête de la femme » et lui préfère celui de « fête de la conquête des droits de la femme ». Répondant à la question posée, elle dit que l'écriture lui a procuré : « au début, la colère » dire la rage envers ceux qui ont commis le crime, « puis, le questionnement : que faisais-tu, mon frère à cet endroit, pourquoi étais-tu là ? ». Le choc post-traumatique et l'apaisement de la colère suivirent. Une réflexion de Khatiba retient l'attention : « les kamikazes sont eux-mêmes les victimes ». Elle ne leur en veut pas mais en veut à ceux qui ont commandé l'assassinat.
L'analyse que fait Abdelali Errehouni des deux recueils de poèmes tient en deux réflexions :
- dans « larmes de sang », il y a « plus de noir que de blanc », comme une façon de se libérer
- dans « l'envolée lyrique », le deuxième recueil poétique, il y a plus de solitude, de contemplation, de réflexion sur la vie.
La soirée s'est poursuivie par la lecture de poèmes choisis sous la lecture, tour à tour, de Khatiba et Abdelali.
Ce fut également l'occasion de « l'interrogatoire » de Malika Solaigui, artiste plasticienne jdidie, reconnue internationalement, et amie de Khatiba. La complicité artistique entre Malika et Khatiba, l'inspiration de l'une par rapport à l'oeuvre de l'autre... Malika expliqua sa technique et l'inspiration qui lui vient de la matière qu'elle travaille : le cuir. Elle rappela à nos souvenirs l'expérience vécue à Azemmour sous la férule de Marie-Jeanne Lorenté et sur une idée de feu Michel Amengual et dont le "Nouveau Jdidi" s'était fait l'écho : le travail de l'algue rouge en guise de matière première, une idée qui tenait à cœur de l'ami Michel qui désirait que des artistes plasticiennes rendent par leurs œuvres un hommage à d'autres femmes, celles qui triment à la récolte de l'algue pour quelques dirhams.
Trois autres poétesses amies de Khatiba, ont dit des textes militants de leur composition, hommage aux femmes : la réalité de ce monde où les premières victimes sont toujours des femmes. Il était bon qu'en cette journée particulière, cela soit rappelé.
Le final de cette soirée fut donné à la chorale du Conservatoire Al Mawcity Académie : les jeunes qui feront le Maroc de demain, dans une belle prestation. |