01 mars 2012 - Cinéma - il était une fois en anatolie

Trois voitures sillonnent de nuit les routes sinueuses de la campagne turque. Un groupe hétéroclite composé de policiers, d'un commissaire, d'un procureur, d'un médecin et de deux suspects menottés à qui l'on demande de localiser l'endroit où ils ont enterré le cadavre de leur victime. Pendant qu'on erre d'un lieu à l'autre, chaque protagoniste se livre à ses doutes, ses colères, ses frustrations... L'errance est interrompue par un étrange repas nocturne, dans un village, avant que le rapport d'autopsie, une fois le corps retrouvé, ne termine à l'aube ce voyage au bout de la nuit à la fois tranquille et tragique, glacial et ironique.

Diversité de points de vue, regards croisés sur le monde au gré d'étonnantes conversations, qui mêlent le tragique, le bouffon et le réalisme, Ceylan, spécialiste du faux rythme, finit, avec cette façon de ne pas y toucher, par nous accrocher et nous entraîner dans un climat onirique et dans les tourments de cette humanité réunie. Présentées le dernier soir au Festival de Cannes, ces 2 h 37 avaient tout pour nous décourager, et pourtant, on est resté, peu à peu fasciné par cet art de Ceylan pour fouiller jusqu'à l'os ce qui fait un homme. Du grand art qui a récolté le grand prix du jury.

François-Guillaume Lorrain



Un film de Nuri Bilge Ceylan, avec Muhammet Uzuner. Sortie le 2 novembre 2011