« Je vous ai compris !... mais..."

« Je vous ai compris !...

Voilà donc : le gouvernement a rendu sa copie, le premier ministre est vaillamment monté au créneau pour nous présenter sa réforme des retraites... une usine à gaz !

Selon les concepteurs, il s'agissait de simplifier et d'unifier pour plus de justice sociale. Tout le monde devait être au même régime : comme à l'armée, pas une tête ne doit dépasser !

Mais, à ce que l'on voit, pour faire simple pourquoi ne pas faire compliqué ? Public comme privé, on met tout le monde dans le même sac... mais, comme il y a de la contestation dans l'air, on est bien obligé de l'entendre... et l'on créée de nouveaux régimes spéciaux. Car, comment comprendre, par exemple, les particularités reconnues aux policiers, aux pompiers ou à l'armée quant à l'âge de départ à la retraite de ces catégories de salariés indispensables aux fonctions régaliennes de l'Etat ?

Pour faire avaler « la pilule » aux français, on ne résiste pas à justifier l'injustifiable par le mensonge généralisé ou beaucoup de leurres. Selon le premier ministre, tous le monde serait gagant sauf qu'il ne nous explique pas comment on partage le même gâteau (14 % du PIB) en plus de parts sans que celles-ci ne diminuent !

Ainsi, au travers du discours du premier ministre, on apprend que la réforme construit « un système plus juste pour les femmes », une affirmation à l'opposé de toutes les études menées sur la retraite à points et qui démontrent tout le contraire. La logique de la retraite par points vise à ce que la pension reflète au plus près les cotisations versées durant la vie active. Or, les femmes sont les plus pénalisées dans la mesure où elles ont la plupart du temps une carrière hachée et incomplète, des rémunérations à qualification égale inférieures à celles des hommes (-21 % en moyenne).

La plus grande escroquerie du discours du premier ministre réside dans la confusion entretenue sciemment entre « valeur d'achat » du point et « valeur de service ». Profitant de la méconnaissance du système par le citoyen lambda, de la signification de ces termes techniques, le premier ministre assure que la loi instaurera une « règle d'or » pour que « la valeur des points acquis ne puisse pas baisser ». La valeur des points acquis, ce n'est rien d'autre que le montant des cotisations versées. Or, les pensions seront calculées sur la valeur de service, une notion toute différente et aucune garantie n'est donnée quant à l'évolution de cette valeur que le rapport Delevoye fixe à 0,55 € par point.

L'universalité de la réforme, tant vantée, est un leurre quand les annonces consistent à opposer les générations. Si cette réforme était réellement vertueuse, pourquoi le décalage de sa mise en œuvre pour les générations nées à compter de 1975 ?

Beaucoup d'autres entourloupes sont contenues dans le discours d'Edouard Philippe. Droit dans ses bottes -comme l'un de ses prédécesseurs- il nous dit avoir compris l'inquiétude de la rue... « Je vous ai compris...

...mais je vous le mets bien profond ! »

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« Je vous ai compris !... mais..."

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