- alain
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22052021
Un moment d'émotion, un moment de dignité et d'espoir...
Quelle sera notre attitude devant la mort ? L'âge venant, nous sommes tous confrontés à ce moment qui approche. Quitter la vie, c'est si naturel mais à la fois si effrayant. Comment la vivrons-nous ? Jeunes, on balaie d'un revers de main cette idée de la mort, mais, au fur et à mesure que la vieillesse envahit notre corps, que la maladie frappe à notre porte, nous cherchons comment être digne devant l'annonce de ce que nous avons toujours su : la mort est une maldie que l'on attrape à la naissance et qui viendra mettre fin à nos espoirs, à nos enthousiasmes, à la vie...
Axel KAHN, le président de la ligue contre le cancer, généticien de renommée internationale, nous délivre son message, profondément humain et plein d'émotions.
Axel Kahn
LE BOUT DU CHEMIN.
L’attitude face à la mort lorsqu’elle n’est pas d’actualité est très diverse selon les êtres.
La plupart des gens jeunes en exorcise jusqu’à l’idée, ce qui constitue une mesure d’auto protection efficace. Cette insouciance de la mort est à peine entamée par les deuils des anciens, rangés dans une autre catégorie que les vivants.
Certains à l’inverse vivent dans la terreur de la camarde qui jette son ombre sur leur vie entière.
Les métiers de la mort ( pompes funèbres, fossoyeurs, notaires...) la banalisent et s’en dissocient en général. De même les soignants et médecins. Je suis dans ce cas, la mort m’est habituelle depuis si longtemps, elle ne m’obsède pas.
Il n’empêche, j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désire qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce.
Tel n’est pas mon cas. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir - je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.
Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écris que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien.
Il a fallu pour cela que je réussisse à « faire mon devoir », à assurer le coup, à dédramatiser ma disparition. À La Ligue, j’ai le sentiment d’avoir fait au mieux. Mon travail de transmission m’a beaucoup occupé, aussi. Je ne pouvais faire plus. Je suis passé de la présidence d’un bureau national de La ligue le matin à la salle d’opération l’après-midi. Presque idéal.
Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis.
Axel le loup.
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