- alain
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Localisation : EL JADIDA (Maroc)
19032014
Sans papier dans leur propre pays...
Une étude du HCP (Haut Commissariat au Plan) concernant la population active marocaine, est révélatrice quant à la situation du marché du travail au Maroc. Si nous pouvons relever des similitudes avec les marchés du travail de nos pays européens, des particularités existent et corroborent notre intuition et nos observations du quotidien marocain.
Une population active jeune
L'étude chiffre la population active marocaine à 11,6 millions de personnes dont 1,04 millions au chômage. Le taux de chômage est relativement similaire aux taux que nous connaissons en Europe (autour de 9 %). Mais ce qui caractérise le marché du travail marocain, c'est la jeunesse : 47,7 % des actifs ont moins de 35 ans. Sans nul doute, l'intégration au marché du travail est un phénomène précoce : 40 % avant l'âge de 15 ans, 20 % jusqu'à 20 ans.
La sous-qualification
Le Haut Commissariat au Plan constate également que cette population active reste largement sous-qualifiée :
- un tiers des actifs est "sans niveau scolaire" (traduction : ils n'ont jamais fréquenté une école !)
- 63,2 % des personnes qui travaillent n'ont aucun diplôme (ce chiffre monte à 81,7 % pour les actifs agricoles).
Ces constations se traduisent largement dans la répartition des emplois catégoriels :
- ouvriers et manoeuvres agricoles et de la pêche : 25 %
- artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux : 17,5 %
- manoeuvres non agricoles, manutentionnaires et petits métiers : 16,1 %
- exploitants agricoles, pêcheurs, forestiers : 14,1 %
- employés en milieu urbain : 15,1 %
- intermédiaires commerciaux et financiers : 11,6 %
La population active rurale reste donc un secteur prédominant avec quelques 39,1 %. Cela démontre que le Maroc n'est qu'au tout début d'un exode rural que l'on commence à percevoir. Toutefois, le Maroc fait sa "révolution" : le secteur des services continue une montée déjà largement entamée : il représente désormais 39,3 % de la population active. Le BTP représente, quant à lui, 9,9 % des actifs.
La répartition entre secteur public et secteur privé est la suivante :
- secteur privé : 90,6 %
-secteur public : 9,4 %
Des conditions d'emploi précaires
Les conditions d'emplois mises en lumière par l'étude paraissent difficiles :
- semaine moyenne de travail : 45 heures (les salariés effectuent en moyenne des horaires de 47,5 heures par semaine)
- emplois non rémunérés : 22,1 % des emplois son sans rémunération (50 % dans l'agriculture et la pêche. Il s'agit principalement des "aides familiaux" dont les 3/4 sont des femmes et 67,7 % des jeunes de moins de 25 ans). En ville, la situation n'est guère plus brillante : 18,5 % sont des travailleurs non rémunérés.
Les "sans-droit, sans-papiers"...
Concernant la formalisation des contrats liant les travailleurs à leurs employeurs, le Haut Commissariat au Plan dévoile que :
- 64,4 % des salariés ne bénéficient d'aucun contrat de travail, mettant ainsi en lumière la précarisation à outrance des emplois : "pas de papier, pas de droit".
- 26,3 % des travailleurs salariés disposent d'un CDI (24,2 % chez les hommes et 34,5 % chez les femmes)
- 5,7 % ont signé un CDD
- 2,7 % ont conclu un contrat "verbal"
On peut dire que la grande majorité des travailleurs sont en situation de précarité et cette dernière touche, sans surprise, les jeunes de moins de 25 ans (11,1 % seulement sont titulaires d'un contrat).
... et "sans couverture sociale"
En matière de couverture sociale, la situation est tout aussi catastrophique pour les travailleurs. En effet, la même étude indique que :
- 80 % des actifs occupés ne sont affiliés à aucun système de couverture médicale. Dans les villes 53,3 % des femmes et 69,6% des hommes ne sont couverts par une assurance santé. Naturellement, la situation dans les campagnes est pire : 98,8 % des femmes et 94,2 % des hommes n'ont pas de couverture santé. De même, si 40 % des salariés sont assurés, à peine 2 % des non-salariés bénéficient d'une assurance.
Les bénéficiaires de la couverture médicale sont :
- 100 % des salariés du secteur public
- 26,4 % du secteur privé
- industrie : 40 %
- BTP : 11,6 %
- agriculture : 1,4 %
C'est dire tout le chemin qu'il reste à parcourir. Le RAMED (Régime d'Assistance Médicale) a été mis en place et est progressivement mis en application afin de palier aux insuffisances constatées en matière de couverture santé.
Commentaires
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- Maroc - Et pendant ce temps, les entreprises reprennent leur activité sans contrôle à priori...
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