- alain
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L'esprit de Toumliline conférence de M. Jamaâ Baïda
Dim 21 Fév 2016, 00:25
L'esprit de Toumliline
conférence de M. Jamaâ Baïda
20 février 2016
Introduction de la conférence de M. Jamaâ Baïda |
C'est une histoire singulière que nous a délivrée M. Jamaâ Baïda, Directeur des Archives nationales marocaines, une histoire qui, si elle appartient aux marocains, est universelle , une histoire qui délivre un message pour l'avenir.
Dans la période troublée que nous vivons, il est devenu urgent de faire connaître aux jeunes « l'esprit de Toumliline », un esprit de tolérance à cent lieues des « enseignements-embrigadements » des terroristes.
Toumliline, c'est d'abord un modeste monastère de bénédictins : vingt moines venus de l'abbaye de En Calcat dans le département français du Tarn, en 1952, sous la direction du Père Denis Martin et encouragés par Monseigneur Amédée Lefevre, archevêque de Rabat.
La méfiance des villageois marocains se transforme rapidement en une chaleureuse coexistence. Ceux-ci constatent avec étonnement que « l'homme blanc » n'est pas toujours un colonialiste venu exploiter leur misère. Les moines travaillent la terre et bâtissent de leurs propres mains, élèvent des animaux et installent un dispensaire pour soigner la population. Ils vont porter le thé aux prisonniers politiques du protectorat occupés aux travaux forcés non loin du monastère, s'interdisent tout prosélytisme. S'ils s'attirent la sympathie bienveillante de la population musulmane, le Père Denis est sermonné par les autorités du protectorat qui voient d'un mauvais œil leur comportement vis à vis des marocains. Dans le même temps, ils jouissent bien vite d'une bienveillance auprès des nationalistes.
Le divorce avec les autorités françaises du protectorat est consommé mais également une fracture se crée dans l'église entre ceux qui sont les soutiens du protectorat et ceux qui ont perçu le sens de l'histoire, ceux que l'on va appeler « les libéraux », partisans d'un Maroc indépendant.
Les moines vont se trouver à la rencontre entre le mouvement nationaliste et les libéraux. Ils en seront la plaque tournante. Driss M'hammedi, l'un des signataires du Manifeste pour l'Indépendance, emprisonné par les autorités du Protectorat, viendra saluer les moines à sa libération et dire sa reconnaissance pour le thé offert aux prisonniers. Une amitié va naître entre le leader nationaliste et le Père Denis qui permettra la jonction avec les libéraux.
Dès 1955 eurent lieu les premières « universités d'été » au monastère de Toumliline. Un monde venu de tous les horizons politiques, culturel, religieux ou athée est venu à Toumliline échanger leurs idées, leurs rêves humains pour un monde de tolérance.
1957 fut sûrement l'année la plus marquante. Sur le thème « l'éducation, un défi majeur », le Prince Moulay Hassan (futur roi Hassan II) ou le nationaliste Medi Ben Barka, offrirent leur vue sur un avenir du Maroc qui ne saurait se faire sans l'éducation. La Princesse Lalla Aïcha y prononça un vibrant discours sur l'éducation et la libération des femmes.
Les rencontres de Toumliline continuèrent jusqu'en 1968 mais dès 1958-1959, elles se firent plus discrètes : des problèmes financiers, l'exportation de l'expérience voulue par le père Denis qui se consacra à l'établissement de monastères notamment à Doualé (Côte d'Ivoire) et l'éloigna de Toumliline, la fracture chez les nationalistes et l'affrontement entre parti de l'Istiqla et UNFP issue d'une scission, sont les facteurs de cette discrétion.
Pour que l'esprit de Toumliline perdure, il convient de le réinventer afin de montrer à ces jeunes influencés ou influençables par les arguments de Daech et autres groupes terroristes, que l'histoire, leur histoire, est faite de messages forts de paix et de tolérance. C'est à quoi s'emploie la « fondation Mémoire pour l'avenir » crée en 2008 et qui compte promouvoir auprès des jeunes de tels messages : des messages de fraternité humaine.
Toumliline fait penser, plus récemment, aux moines de Tibérine en Algérie, lâchement assassinés et dont Toumliline fut le décor naturel du film éponyme : la même veine de fraternité, au delà des croyances et non-croyances.
Une conférence suivie avec beaucoup d'attention par la salle comble de la galerie Talal Chraïbia... un orateur captivant, aura fait de cette soirée un remarquable succès dont le Directeur de l'Institut Français, M. Damien Heurtebise, peut être satisfait.
La soirée se termina par la présentation par M. Baïda de l'exposition « l'esprit de Toumliline » qui se poursuivra dans la galerie Talal Chraïbia jusqu'au 18 mars prochain. A voir absolument...
Dans la période troublée que nous vivons, il est devenu urgent de faire connaître aux jeunes « l'esprit de Toumliline », un esprit de tolérance à cent lieues des « enseignements-embrigadements » des terroristes.
Toumliline, c'est d'abord un modeste monastère de bénédictins : vingt moines venus de l'abbaye de En Calcat dans le département français du Tarn, en 1952, sous la direction du Père Denis Martin et encouragés par Monseigneur Amédée Lefevre, archevêque de Rabat.
La méfiance des villageois marocains se transforme rapidement en une chaleureuse coexistence. Ceux-ci constatent avec étonnement que « l'homme blanc » n'est pas toujours un colonialiste venu exploiter leur misère. Les moines travaillent la terre et bâtissent de leurs propres mains, élèvent des animaux et installent un dispensaire pour soigner la population. Ils vont porter le thé aux prisonniers politiques du protectorat occupés aux travaux forcés non loin du monastère, s'interdisent tout prosélytisme. S'ils s'attirent la sympathie bienveillante de la population musulmane, le Père Denis est sermonné par les autorités du protectorat qui voient d'un mauvais œil leur comportement vis à vis des marocains. Dans le même temps, ils jouissent bien vite d'une bienveillance auprès des nationalistes.
Le divorce avec les autorités françaises du protectorat est consommé mais également une fracture se crée dans l'église entre ceux qui sont les soutiens du protectorat et ceux qui ont perçu le sens de l'histoire, ceux que l'on va appeler « les libéraux », partisans d'un Maroc indépendant.
Les moines vont se trouver à la rencontre entre le mouvement nationaliste et les libéraux. Ils en seront la plaque tournante. Driss M'hammedi, l'un des signataires du Manifeste pour l'Indépendance, emprisonné par les autorités du Protectorat, viendra saluer les moines à sa libération et dire sa reconnaissance pour le thé offert aux prisonniers. Une amitié va naître entre le leader nationaliste et le Père Denis qui permettra la jonction avec les libéraux.
Dès 1955 eurent lieu les premières « universités d'été » au monastère de Toumliline. Un monde venu de tous les horizons politiques, culturel, religieux ou athée est venu à Toumliline échanger leurs idées, leurs rêves humains pour un monde de tolérance.
1957 fut sûrement l'année la plus marquante. Sur le thème « l'éducation, un défi majeur », le Prince Moulay Hassan (futur roi Hassan II) ou le nationaliste Medi Ben Barka, offrirent leur vue sur un avenir du Maroc qui ne saurait se faire sans l'éducation. La Princesse Lalla Aïcha y prononça un vibrant discours sur l'éducation et la libération des femmes.
Les rencontres de Toumliline continuèrent jusqu'en 1968 mais dès 1958-1959, elles se firent plus discrètes : des problèmes financiers, l'exportation de l'expérience voulue par le père Denis qui se consacra à l'établissement de monastères notamment à Doualé (Côte d'Ivoire) et l'éloigna de Toumliline, la fracture chez les nationalistes et l'affrontement entre parti de l'Istiqla et UNFP issue d'une scission, sont les facteurs de cette discrétion.
Pour que l'esprit de Toumliline perdure, il convient de le réinventer afin de montrer à ces jeunes influencés ou influençables par les arguments de Daech et autres groupes terroristes, que l'histoire, leur histoire, est faite de messages forts de paix et de tolérance. C'est à quoi s'emploie la « fondation Mémoire pour l'avenir » crée en 2008 et qui compte promouvoir auprès des jeunes de tels messages : des messages de fraternité humaine.
Toumliline fait penser, plus récemment, aux moines de Tibérine en Algérie, lâchement assassinés et dont Toumliline fut le décor naturel du film éponyme : la même veine de fraternité, au delà des croyances et non-croyances.
Une conférence suivie avec beaucoup d'attention par la salle comble de la galerie Talal Chraïbia... un orateur captivant, aura fait de cette soirée un remarquable succès dont le Directeur de l'Institut Français, M. Damien Heurtebise, peut être satisfait.
La soirée se termina par la présentation par M. Baïda de l'exposition « l'esprit de Toumliline » qui se poursuivra dans la galerie Talal Chraïbia jusqu'au 18 mars prochain. A voir absolument...
Album photographique souvenir : cliquer sur la photo ci-dessous...
- Marie Francoise
- Messages : 2017
Date d'inscription : 11/04/2011
Re: L'esprit de Toumliline conférence de M. Jamaâ Baïda
Dim 21 Fév 2016, 12:13
- 20/02 au 18/03 - Exposition "Toumliline 1956-1957" & conférence (20/02) de M. Jamaâ Baida
- 24/10 - Café littéraire : "le dernier salto" de Abdellah Baïda
- Café-littéraire Abdellah BAÏDA et « le dernier salto »
- 01/02/2019 - Rencontre : "Testament d'un livre" de Abdellah Baïda en dialogue avec Saïd Loukili
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