- Marie Francoise
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Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 21:55
Lors de notre randonnéenous avons traversé et visité un ensemble architectural en ruines non loin du péage de l’autoroute, légèrement replié derrière le sommet de la colline ou se tient le petit phare Manar Sidi Mesbah.
Mon goût pour l’histoire m’a fait me dire je veux en savoir plus. A priori j’avais identifié le site comme celui d’un ancien fort probablement fin dix huitième début dix neuvième. L’aide comme toujours précieuse de Youssef et quelques recherches supplémentaires ont fait la lumière sur ces ruines . En fait il s’agit bien d’un fort mais du milieu du dix huitième et d’un ensemble architectural plus important. Voici tracé à grands traits leur histoire…….
Vers 1760 les portugais qui occupent Mazagao depuis plus de trois siècles maintenant subissent le siège des troupes du célèbre Sultan Sidi Med ben Abdallah (1755-1790). Les combattants font le siège de la cité depuis maintenant plusieurs mois. Les Moudjahidin (combattants ) harcèlent les troupes portugaises lorsqu’elles sortent pour se ravitailler en légumes ou gibiers. Pour tenir efficacement le siège les combattants ont édifiés trois postes avancés et fortifiés que l’on nomme Ribat . Un verrouille l’Ouest et est situé à Tit ( actuelle Moullay Abdallah, l’autre bloque le centre a Fahç Douïb et le troisième situé entre Mazagao et Azzemour ferme le coté Est et est appeléRibat Al Moujahidine ( la forteresse des combattants ). C’est donc cette forteresse que nous avons visité l’autre jour. C’est en fait un ensemble très important de bâtiments édifiés par le Sultan Sidi Med ben Abdallah en 1768. Comprenant un fort, une mosquée, un cimetière et de nombreux bâtiments d’habitations ils occupaientt une surface relativement conséquentes puisqu’ils s’étendaient du phare actuel jusqu’à l’autoroute….
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 21:58
Des ruines de ce camp, on peut encore voir, impressionnantes, les murailles de la casbah, le centre névralgique où devaient résider le Sultan et ses principaux chefs militaires. Et tout à côté, la mosquée, dont on peut contempler encore la porte d’entrée, en ogive. A l’intérieur, quatre piliers, presque intacts, séparent le çahn (la cour) et portent encore les traces de fumée et de cire des bougies. A l’angle d’un mur une inscription gravée mais effacée par le temps. Non loin de là, presque absorbé par des buissons, un puits, assez profond. Avec émotion, on découvre sur les pierres qui forment la margelle, les entailles façonnées par les cordes qui remontaient les outres d’eau… A vingt pas de là, une autre ouverture, en pente légère qui semble relier l’autre puits à moins qu’elle ne conduise à un souterrain. Un magasin ? Un chemin secret ?... Il y avait aussi, à l’angle S.O de la ville, d’autres puits, larges, comme des bassins. Mais qui ont disparu avec la création de l’autoroute. C’est vraisemblablement dans cette partie-là qu’étaient situées les portes de la ville dont les rues, ou ce que l’on en devine, paraissent avoir été rectilignes et étroites.
Restent aussi quelques traces d’habitations : Elles semblent petites ; dans l’une d’elles, il y a des étagères, creusées dans le mur… La vie qui resurgit dans ces pierres brûlées de soleil.
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 22:01
Les portugais s’enfuient et quittent la ville en mars 1769. Le sultan qui avait résidé plusieurs mois au sein du Ribat retourne vers son palais. Il est fort probable que le Ribat devient ensuite comme tous les autres Ribats du Maroc un fortin ou siège une petite garnison restreinte de cavaliers chargés de protéger les routes commerciales. Petit à petit les bâtiments deviennent gîtes pour les voyageurs et refuges pour les mystiques. Par déformation le Ribat El Moujahidine est devenu au fil des temps Ribat t Lemjahdine. La communauté religieuse qui en prend possession est celle des Aabidates R’ma. Ils venaient de partout pour organiser des fêtes inoubliables. Des fêtes dont les échos sont restés ancrés à ce jour dans la mémoire de la population locale, en particulier le moussem organisé traditionnellement la veille de celui de Tit ( aujourd’hui Moussem de Moullay Abdallah).
Le temps a passé sur les pierres et les genêts ont pris possession du site. Des trous ont été creusés en périphérie des remparts à la recherche de trésors hypothétiques. Le site est à l’abandon et les pierres jonchent le sol , les fondations disparaissent sous la végétation. Le charme et la nostalgie qui se dégage des pierres est cependant toujours là intact. On croit encore entendre les cris de gloire des Moudjahidines en partance pour leur devoir et les râles des blessés qui revenaient de durs combats, le hennissement des chevaux au retour de leurs raids, le cliquetis des armes que l’on réparait avant ou après la bataille, et le chant des soldats qui fêtaient leur victoire. On peut entendre aussi, le soir venu, les murmures des combattants autour des feux de camp racontant leurs faits d’armes ou égrenant les souvenirs de leurs familles restées au douar… Et imaginer encore la frayeur des Portugais, piégés dans leur forteresse, qui, depuis les remparts ou la tour de guet, voyaient au loin des milliers de feu allumés qui cernaient la citadelle.
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 22:06
La Cité des Moudjahidines, Une évocation d’une page glorieuse mais oubliée de l’Histoire des Doukkala
Auteur : Michel Amengual
L'opinion - Lien source
Le long lacet de l’autoroute glisse dans la plaine des Doukkala. Toute la richesse de la région est là, offerte à la vue des automobilistes qui empruntent cette majestueuse voie reliant Casablanca à El Jadida. Toute sa richesse et toute son histoire. Une terre à blé, riche, dorée en cette période de moisson. C’est cette même terre qui, depuis la plus haute antiquité, a fourni en céréales, les peuples qui l’accostaient : les Romains, les Phéniciens, les Portugais, les Hollandais, les Anglais, les Francais …. L’on venait aussi se ravitailler en œufs, et l’on voit, aujourd’hui encore, ces fermes avicoles qui égrènent notre route, avec leurs silos à grains debout comme de gros cierges…Bref, l’Europe avait déjà, depuis longtemps, jeté des passerelles entre son histoire et celle de cette côte atlantique du Maroc.
Vers Tnine Chtouka, les serres se dessinent, cachant sous leurs voiles, bananiers, papayers, vigne de table,…et des agrumes qui ont fait de tous temps le succès de l’arrière pays d’Azemmour. Et puis, après un virage, l’Oum er’Rbia apparaît, dans toute sa noblesse. Les ponts l’enjambent avec délicatesse, nous laissant l’avantage de contempler, juste quelques instants, ses rives et son cours qu’on aimerait bien suivre en barque, comme ces rares pêcheurs que l’on aperçoit au bas.
Mais l’on arrive bientôt à El Jadida. El Jadida-la-Nouvelle. El Jadida-la-Belle.
On devine au loin la ligne bleue océane, que pointe, comme un doigt levé vers le ciel, le phare de M’Sbah. La dernière barrière de péage franchie. Et ça y’est ….Dans quelques minutes, la ville vous tendra ses bras : Ses rivages d’azur, ses palmiers symphoniques, ses jardins somptueux…El Jadida est d’ailleurs la seule ville à avoir des jardins publics en bordure de mer !... Etait-ce la raison pour laquelle le Maréchal Lyautey voulait en faire le Deauville du Maroc ? Et puis, il y a aussi la Cité portugaise. Un patrimoine mondial enserré entre quatre bastions gardant jalousement une superbe citerne qui fait rêver les cinéastes… La Cité portugaise ! Près de trois siècles de présence d’une couronne lusitanienne sur cette terre marocaine. Trois siècles de luttes, de combats, avec, malgré tout, quelques brefs instants de paix…. Les Portugais qui l’occupaient étaient cernés de tous côtés par des combattants qui avaient décidé coûte que coûte de récupérer cette terre d’Islam et adopté une stratégie militaire qui prouva son efficacité puisque devant leur pression, les Portugais durent s’enfuir sans armes ni bagages. Les Marocains avaient mis en place trois centres majeurs de résistance : à Tit (My Abdallah), au centre (Fahç Douïb) et à l’Est, entre Azemmour et Mazagan, la Cité des Moudjahidines, Fahç ez- Zemmouriyin. Et c’est cette cité que l’on découvre à main droite, passé le dernier péage de l’autoroute. Ou ce qu’il en reste, englouti sous les genêts qui en ont dévoré les contours. Mais on la devine.…
On en soupçonne l’élégance et l’importance dans ces murs qui surgissent d’une terre caillouteuse, entre arbustes épineux et troupeaux de moutons.
Et, à voir les enfants bergers sauter de pierre en pierre sur ce qui fut des remparts, on sait que notre visite des lieux ne sera pas inutile. Sans l’ouverture de l’autoroute, qui se serait souvenu de son existence ? Pourtant, quelques pages glorieuses de l’histoire du Maroc gisent ici, qui demandent à être relues ou déchiffrées à nouveau. Car, en vérité, on sait peu de chose de cette cité ; mais, à déambuler entre les pans de murs et les genêts en fleurs, on a l’impression d’entendre encore, venus de quelques siècles arrière, le grondement des canons et le fracas des boulets que les Portugais lançaient depuis les remparts sur les assaillants, les cris de gloire des Moudjahidines en partance pour leur devoir et les râles des blessés qui revenaient de durs combats, le hennissement des chevaux au retour de leurs raids, le cliquetis des armes que l’on réparait avant ou après la bataille, et le chant des soldats qui fêtaient leur victoire. On peut entendre aussi, le soir venu, les murmures des combattants autour des feux de camp racontant leurs faits d’armes ou égrenant les souvenirs de leurs familles restées au douar… Et imaginer encore la frayeur des Portugais, piégés dans leur forteresse, qui, depuis les remparts ou la tour de guet, voyaient au loin des milliers de feu allumés qui cernaient la citadelle.
C’est de ce campement que partaient les colonnes de soldats, berbères et maures rassemblés, qui usaient de toutes les ruses pour s’approcher de la citadelle et harceler les Portugais qui osaient s’aventurer hors de leurs remparts à la recherche de bois ou de légumes qu’ils cultivaient dans les potagers voisins. Ou qui s’éloignaient un peu plus, vers Azemmour ou vers Tit, pour chasser des taureaux sauvages, des lièvres, des sangliers ou des perdrix. Et quelques fois des lions. Etait-ce dans cette Cité des Moudjahidines que s’était installé, en 1768, l’Etat-Major du Sultan Mohamed qui avait appelé ses troupes à converger vers Mazagão, sa « pierre de scandale » et réaliser ainsi son ambition d’unir l’Empire chérifien ? Des milliers de soldats et sapeurs qui pendant des semaines, creusèrent des tranchées, harcelèrent nuit et jour leurs ennemis jurés… puis venaient s’abriter dans leur camp, juste derrière la colline au sommet de laquelle juchent aujourd’hui la tour carrée du phare surmontée d’une lanterne et de panneaux solaires, et, à ses pieds, le marabout de Sidi M’Sbah. Des ruines de ce camp, on peut encore voir, impressionnantes, les murailles de la casbah, le centre névralgique où devaient résider le Sultan et /ou ses principaux chefs militaires. Et tout à côté, la mosquée, dont on peut contempler encore la porte d’entrée, en ogive. A l’intérieur, quatre piliers, presque intacts, séparent le çahn (la cour) et portent encore les traces de fumée et de cire des bougies. Non loin de là, presque absorbé par des buissons, un puits, assez profond. Avec émotion, on découvre sur les pierres qui forment la margelle, les entailles façonnées par les cordes qui remontaient les outres d’eau… A vingt pas de là, une autre ouverture, en pente légère qui semble relier l’autre puits à moins qu’elle ne conduise à un souterrain. Un magasin ? Un chemin secret ?... Il y avait aussi, à l’angle S.O de la ville, d’autres puits, larges, comme des bassins. Mais qui ont disparu avec la création de l’autoroute. C’est vraisemblablement dans cette partie-là qu’étaient situées les portes de la ville dont les rues, ou ce que l’on en devine, paraissent avoir été rectilignes et étroites.
Restent aussi quelques traces d’habitations : Elles semblent petites ; dans l’une d’elles, il y a des étagères, creusées dans le mur… La vie, quoi !
Mais, les Portugais ayant plié bagages, le 11 mars 1769, et les Moudjahidines s’en étant retournés chez eux, quel a été ensuite le sort de cette cité ?
Pourquoi en reste-t-il aujourd’hui si peu de traces ? On a même l’impression qu’elle a été rasée, tant le temps (mais est-ce seulement le temps ?) a défiguré ses murailles et ses entrailles. Que ne trouve-t-on pas des tombes de soldats morts au combat ? En a-t-on cherché, d’ailleurs, autour de ce qui fut à cette époque une zone militaire très sensible ? Mais aussi, sait-on quand cette cité a été construite et dans quelle circonstance elle a été abandonnée ? Ce que l’on découvre aujourd’hui sur le site nous conduit plus à des hypothèses qu’à des certitudes. Et toutes informations supplémentaires ou interprétations diverses de la part de nos lecteurs seront les bienvenues. Car les rares indications que nous avons pu recueillir datent des années 1900, lorsque l’éminent Professeur Michaux-Bellaire enquêtait sur les « Villes et Tribus du Maroc ». Un livre pratiquement introuvable aujourd’hui dans sa version originale, mais que les éditions « Frontispice », de Casablanca, viennent de rééditer, pour le plus grand bonheur des historiens.
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 22:09
Le Ribat Al Moujahidine enfin à la mode, Rebondissement sur l'article de Michel AMENGUAL
J'ai agréablement accueilli l'article publié dans l'Opinion du 23 Mai 2007 et repris dans des sites web "la Cité des Moudjahidines. Une évocation d'une page glorieuse mais oubliée de l'histoire des Doukkala", article édifiant et savamment construit par Mr Michel AMENGUAL. Cependant, l'article nécessite quelques remarques que je veux partager avec l'opinion publique et pour lui dire tout simplement que le site n'est pas tellement inconnu mais bien méconnu et que des gens n'ont pas attendu l'ouverture de l'autoroute pour le voir et en parler.
Historique d'une connaissance :
Arrivant à Al Jadida en 1991, premier archéologue y travaillant depuis l'Indépendance -en civiliste à la Délégation de la Culture- j'ai vite commencé mes lectures et recherches sur l'histoire et le patrimoine de Doukkala en particulier et du patrimoine maroco-portugais du Maroc en général. C'était par coïncidence que je fus affecté en cette ville, séduisante, et c'est ce hasard qui a fait de moi le premier marocain spécialiste du patrimoine maroco-lusitanien, alors que Professeur Ahmed BOUCHAREB, le grand lusitaniste, est considéré à juste titre comme le père spirituel de tous les historiens marocains spécialisés dans l'histoire commune du Maroc et du Portugal.
C'est dans l'Istiqsa de Naçiri que j'ai connu pour la première fois, théoriquement, le Ribat Al M'jahdine (Fahç Zemmouriyine) et Fahç Oulad Douib. Si je présumais que le second serait du côté du Sebt Oulad H'çine (ou Oulad Bou'aziz), le premier je le supposait situé derrière la Prison Al Adir et les pépinières situées à la sortie de la ville sur la route de Casa.
En 1992, un ami me ramène dans sa voiture sur le site d'Al M'jahdine. Discutant du patrimoine des Doukkala et interrogeant mon ami sur des sites et monuments que je n'avais pas encore visités ou connus, et lui parlant d'un site qui devrait exister entre Al Jadida et Azemmour quelque part non loin de la route principale, il me parle d'un site au N-E d'Al Jadida. Le lendemain on était sur les lieux empreintant le chemin de Manar Sidi Mesbah, goudronné du temps du Protectorat. Je reconnais et j'embrasse les vestiges d'un Ribat. Quelques centaines de mètres plus loin, je marchais pour prospecter la surface et pour entamer une enquête préliminaire. Cherchant le nom du douar non loin du site, un berger me répond sans ambiguïté "Douar Lemjahdine".
De Nasiri au berger, du flair de l'archéologue aux caractéristiques architecturales des vestiges, je me trouvais bel et bien au milieu du Ribat Al M'jahdine élevé par le célébrissime Sultan Sidi Med ben Abdallah (1755-1790). Le lendemain de notre visite, j'ai envoyé un rapport de deux pages au Directeur du Patrimoine Culturel à Rabat.
En 1998 et suite à un article publié par mon ami M. JMAHRI attaché de presse à l'ORMVAD, une question orale au Parlement à Mr ACHARI soulevée par le Député Mustapha LAKTIRI me ramène de nouveau sur le site pour rafraîchir mes données et préparer les éléments de réponse à soumettre à Mr le Ministre. J'ai alors loué un taxi, comme d'ailleurs j'ai fais durant les neufs ans et demi pour aller travailler sur la Qasba Boula'ouane, les Tazota, Madinat Al Gharbia, alors que pour me rendre à Qasba Oualidia et très souvent à Azemmour et Ribat Tit où j'aimais me recueillir sur leurs remparts et minarets respectifs, je m'infiltrai avec toute la joie d'un ethnologue entre marins et agriculteurs dans des taxi défectueux.
Toujours est-il que les discussions avec des amis de la place (LAKHIAR, CHAHID, BOUASRIA, TACHFINI,,,) nous ramenaient de temps à autre à évoquer Ribat Lemjahdine et tant de sites que nous connaissons sur le terrain ou uniquement à travers des textes.
Présent et devenir:
Mais que peuvent les intellectuels, les démunis !! La volonté politique est primordiale en matière du patrimoine comme pour la gestion de la chose publique. Quand on voulait faire passer l'autoroute, personne ne m'a contacté pour prospecter les sites éventuels par lesquels elle allait passer. Si les ADM avaient contacté les services de la culture sur place, ces derniers n'avaient peut-être pas fait leur travail et devoir correctement. J'ai quitté Mazagan pour Sijilmassa en Mai 2000.
Aujourd'hui, Mr Michel AMENGUAL soupçonne, à raison et par le flair d'un journaliste habitué aux enquêtes, que l'autoroute avait "bouffé" des composantes et annexes du Ribat. C'est vraisemblable. Un Ribat, où a logé le Sultan lui-même et où ont vécu des moujahidines pour plusieurs moi entre 1768 et 1769, a une vie intérieure et un univers extra-muros et un arrière pays où l'on trouvera sûrement un jour du matériel archéologique important.
Pour cela, j'aimerais exprimer à Mr Michel AMENGUAL toute ma gratitude Je me réjoui aussi d'avoir fait sa connaissance juste après mon retour à Jdida après sept ans passés au Tafilalt en tant que Directeur du Centre d'Etudes et de Recherches 'Alaouites (CERA) à Rissani et Délégué Provincial de la Culture à Errachidia. Maintenant que je suis de retour au bercail, j'aimerais rassurer l'auteur, la population et les responsables que je ne ménagerais aucun effort, en ce qui est de mes compétences, pour promouvoir la question du patrimoine que j'aimerais étaler sur la place publique. Le patrimoine et sa sauvegarde et revalorisation est une affaire qui regarde et interpelle tout le monde.
C'est dans ce sens que le premier projet auquel j'ai pensé le lendemain de la passation des consignes ce fut un projet de sauvegarde et de réhabilitation du Ribat Al Moujahidine. Je suis donc entrain de faire mûrir et organiser mes idées pour ficeler un projet intégré et intégrant culture, économie et loisir pour que les ADM, les Ministères de la Culture, des TP et du Tourisme ainsi que les Autorités locales et la Commune soient tous convaincus de l'intérêt et de l'impact du projet. Mon projet devrait passer avec moins de difficultés avant le commencement des travaux sur l'autoroute. Maintenant que le chantier de la station balnéaire Mazagan commencera bientôt, le Ribat doit avoir droit de cité et bénéficier haut la tête de la dynamique induite par ce grand projet touristique et culturel.
Un site tel Ribat Al Moujahidine mériterait de notre part tous, responsables, élus et société civile, un intérêt particulier. Comme la place du 09 Avril à Tanger, le site de la Bataille des Trois Rois, la Mosquée d'Antsérabé entre autres, Ribat Al Moujahidine est un haut lieu de l'histoire du Maroc et un monument phare du patrimoine marocain qui n'a rien à envier à la Koutoubiya ou à Chella. C’est au Ribat lemjahdine que Sidi Med ben Abdallah en libérant Mazagan et le Maroc de l’occupation portugaise a scellé la naissance du Maroc moderne.
Aboulkacem CHEBRI
Archéologue-Restaurateur
Directeur CPML –Al Jadida-
marocarcheo@yahoo.fr
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 22:11
Site Lamjahed
Auteur : Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia
Auteur : Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia
L’khadir Nabidi, ex responsable du M’nar de Sidi Mesbah, aujourd’hui à la retraite, est le prototype exact de ce qu’on peut appeler « Oueld Leblad ». Aussi loin qu’il peut se rappeler, ses ancêtres ont tous et sans la moindre exception habité la région, jusqu’à la fin de leurs jours.
Partant du principe que l’histoire du Maroc en particulier et des Arabes en général, englobe beaucoup d’approximation, au vu d’une coutume ancestrale basée, sur l’oral et de certains pseudos- historiens plus lèche- bottes, qu’autre chose. Nous avons été néanmoins surpris de constater que jusqu’à présent, les seuls qui ont écrit sur Lam’jahdine un peu partout, sont des personnes étrangères à notre pays.
Du coup une question s’impose : sommes nous à ce point incapables de faire connaître et valoriser notre histoire et nos sites par nous même?
Nous n’avons rien contre le fait que des « personnes étrangères » écrivent sur notre histoire, mais nous avons plutôt honte, autant pour certains volets de notre histoire que pour nos « historiens », qu’elles en soient parfois les seules.
Ce site fut élevé, d’après certains écrits, par le célébrissime Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah (1755-1790). Il servait avant tout de base avancée pour des offensives contre les portugais installés à Azemmour et à El Jadida
L’khadir Nabidi, notre « histoire vivante » aujourd’hui, homme à la retraite, soutient dur comme fer, qu’au vu de ses propres calculs qui reposent sur les dires de ses propres ancêtres, le site remonte à encore plus loin dans l’histoire.
Entre 1768-1769 le site a connu la venue historique, du Sultan et d’autres Moujahidines qui y sont restés durant plusieurs mois. . Cet intellectuel considéré comme le père de la diplomatie marocaine, était aussi le 1er leader a avoir reconnu l’indépendance des Etats-Unis.
LE RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE DES R’MA
Ce site n’a jamais été délaissé après le départ des portugais de la région. C’était devenu un haut lieu de culture, la Mecque des R’MA (Aabidate R’ma). Ils venaient de partout et à des dates précises pour organiser des fêtes inoubliables. Des fêtes dont les échos sont restés ancrés à ce jour dans la mémoire de la population locale.
Mais la plus belle fête de toutes et la plus grande aussi, était celle organisée la veille de l’ouverture du Moussem de Moulay Abdellah, relayé à son tour par le Moussem de Sidi Moussa (aujourd’hui souk Al Hamra ). C’était une grande soirée de chants et de danses (LILA). Elle portait le nom de ZERDA, par référence à tous ces plats (surtout du couscous, terda…) que les familles des alentours,Gharbia (derrière Douar Ettagine) Lakrarma,Nouasra (autour du site ) et un peu plus loin Laghnadra (au niveau du premier pont assurant le passage du train ), venaient offrir ou partager avec les R’MA .C’était devenu un véritable Moussem, avec sa fantasia et ses habitudes propres. Des habitudes qui avaient surtout l’avantage, de ne pas laisser les lieux se déserter.
C’est plutôt le manque d’entretien des lieux, de leurs restaurations qui sonna le glas du site
Parler du site, c’est aussi parler du saint Sidi Mesbah. Et comme tout saint qui se respecte, du cimetière qui était dans les alentours Un cimetière peuplé étrangement et en grande majorité d’enfants !!!
De nombreux habitants se plaignent de ne pouvoir visiter les membres de leurs familles enterrés dans ce cimetière, à cause de la clôture mise dernièrement en place par le service des travaux publiques, autour du saint Sidi Mesbah, du M’nar du même nom, du cimetières et d’une grande partie de la forêt environnante. Cette clôture qui a coûté une petite fortune et qui les empêche aujourd’hui de visiter leurs morts, aurait mieux servi d’après la population locale à restaurer une partie du site.
L’ETAT DU SITE EST UNE INSULTE À NOTRE CULTURE
Il y a une quarantaine d’année, le gouverneur Mr El Ouazzani, avait visiter le ribat et y a inaugurer une statue représentant un moujahid, épée en main. C’était une façon comme une autre, de rendre enfin hommage aux moudjahiddines de l’époque. Cette visite a aussi permis une petite restauration du chemin menant au ribat (le tout n’est aujourd’hui qu’un tas de ruines).
Mais depuis, ce lieu est livré incompréhensible ment à lui-même et aux aléas du temps. C’est un lieu dont un archéologue de la délégation régionale de la « culture » avait dit pourtant qu’il a une vue intérieure, un univers extra muros et un arrière pays ou l’on trouvera SUREMENT un jour du matériel archéologique IMPORTANT.
Or, lors de la visite de l’équipe d’Ahdate Doukkalia, sur les lieux, des trous énormes ont été creusés partout. C’était vraiment lugubre et effrayant. Notre « guide », un jeune de la région prénommé Smail nous expliqua qu’il s’agissait de « signatures »laissées après le départ de certains fquihs, des « Souassa » qui viennent creuser ici à la quête d’ éventuels trésors « KH’ZAYNEs ».
Quant au tunnel de Sidi Messiab, une sorte de sous sol du site, personne ne sait aujourd’hui ce qu’il avait contenu, ni ce qu’il contient encore quelque part dans ses entrailles. !
Au milieu de la place, des poutres à moitié cassées constituent les vestiges de ce qui était jadis une Mosquée .A coté de cet ancien lieu de culte, des détritus ont été versés honteusement et sans vergogne par la compagnie des autoroutes . Autoroute qui a happé, bouffé une grande partie du site, des composants et annexes du ribat, dans un mutisme et un je m’en foutisme collectif quasi hallucinant..
Pour les non initiés, qui désirent constater le massacre de visus : ce site est à quelques centaines de mètres du premier péage sur l’autoroute. A votre gauche, quand vous roulez vers Casablanca.
Un haut responsable de la délégation culturelle régionale, chargé de la sauvegarde des sites régionaux, expliqua le massacre par le fait que l’ADM n’a pas contacté les services culturels en place au moment de la destruction
Seulement un site d’une telle importance, il n’appartient à notre sens, ni à l’ADM, qui n’en a pas sur lui un droit de vie ou de mort, ni aux travaux publiques, ni … à Sidi Zekri. Il appartient avant tout aux citoyens contemporains et aux générations futures, qui en sont responsables Et en tant que « professionnels » et au courant du massacre longtemps avant qu’ il ne puisse avoir lieu, n’avait il pas le devoir d’ ameuter l’opinion publique alors qu’il était encore temps. Alerter les ONG, les « Qulad Lablad » hauts placés et tout ceux qui sont capables d’empêcher que de tels massacres puissent voir le jour de façon si gratuite, si sadique et si inconsciente (Feu Arsalane avait bien empêcher un ex gouverneur zélé de détruire toutes les cabines de la plage il y a de cela quelques années déjà pour y mettre à la place…une route). Rien de tout cela n’a été fait par la délégation de la culture à El Jadida. Ils ont préféré rester dans leurs bureaux, attendant que ce soit les démolisseurs, sans foi, sans âme patriotique, sans véritables lois capables de les faire passer devant les tribunaux, qui viennent d’eux même les voir, pour leur demander conseil, ou un passe droit !!!
La véritable mission d’un archéologue au sein de la délégation de culture, n’est elle pas avant tout de sauvegarder ces sites et de se battre pour atteindre son but ? Pour cela, on doit posséder quelque chose appelé PASSION.
Doivent ils se contenter du seul travail de bureau, eux qui sont des hommes de terrains ?
A quoi sert il, une fois que c’est trop tard et que notre histoire est détruite à jamais de venir nous dire , que ce site mérite un intérêt particulier, à l’instar de la place du 09 avril à Tanger, le site des Trois Rois, la Mosquée d’Antsérabé…Que le ribat est entre autres un haut lieu de l’histoire du Maroc, un monument phare du patrimoine marocain qui n’a rien à envier à la Koutoubia et au Chellah, Bla bla bla bla….Le palabre on n’en a que faire .
LE TEMPS PERDU DOIT ETRE RATTRAPPE AU PLUS VITE
Il y a quelques années le président portugais Mario Suarès, a visité spécialement El Jadida pour s’enquérir de l’état de la cité portugaise et surtout pour y faire un don d’environ 400millions de centimes afin de restaurer ce monument si cher à l’âme des portugais et si précieux à leur histoire.
Notre ministère de la culture, notre délégation régionale se doivent de chercher l’argent là ou il se trouve. Ils doivent trouver des sponsors, le cas échéant, pour financer leurs projets. Ils doivent trimer, suer, ne serait que par amour pour son pays, par fierté patriotique, par PASSION pour le travail qu’ils exercent, si passion il y en a encore chez certains.… Cela ne sert à rien de continuer à se larmoyer sur la faiblesse des fonds alloués et regarder le temps nous filer entre les doigts.
Aujourd’hui, les habitants des alentours du site Lam’jahide regardent, les larmes aux yeux, ces tas de ruines. Ils ne peuvent s’empêcher de se rappeler le passé glorieux du ribat. Et ils en souffrent Pour eux ce que subit le site est une réelle catastrophe, une injustice… et un crime contre les richesses culturelles de l’humanité toute entière. Le ribat représente l’âme, l’identité, le patrimoine, l’histoire… de cette région, C’est une partie des richesses de ce pays .Or, à l’image du TITANIC , ces valeurs culturelles sont entrain de couler au fur et à mesure que « coule » le site RIBAT LAM’JAHDINE….. FIEF DE DOUKKALA LAHRAR et témoignage vivant (aujourd’hui agonisant) d’un passé glorieux.
- Marie Francoise
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Re: Visite du Ribat
Ven 06 Mai 2011, 22:12
les trois premiers messages viennent de José, Merci à lui
Les trois autres sont extrait du site El Jadida.com
Les trois autres sont extrait du site El Jadida.com
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