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alain- Messages : 11589
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Localisation : EL JADIDA (Maroc)
Mohamed Kenbib : les juifs marocains
Jeu 12 Mai 2016, 23:45
Mohamed Kenbib : les juifs marocains
12 mai 2016
En introduction au vernissage de l'exposition « Exils », l'Institut Français nous proposait une conférence de M. Mohamed Kenbib, professeur d'université et spécialiste en histoire contemporaine sur un sujet auquel il a consacré plus de 30 ans de recherche. C'est donc en spécialiste qu'il nous a parlé d'un exil ou plutôt des exils des juifs marocains à travers l'histoire.
En une heure, Mohamed Kenbib commit l'exploit de parler à un auditoire attentif de 2500 ans de l'histoire des juifs au Maroc et de leur relation avec les autres communautés du pays.
En préambule, Mohamed Kenbib souligna la particularité singulière du Maroc : une Constitution, celle de 2011, qui reconnaît explicitement le pluralisme, un fait exceptionnel dans un pays musulman.
Par leur antériorité sur le sol marocain, ils se sont considérés comme des autochtones au même titre que les berbères qu'ils trouvèrent lors des deux vagues d'immigration, l'une au Vème siècle avant Jésus-Christ et la seconde au 1er siècle de notre ère.
Au début du Xxème siècle, les juifs formaient la seule communauté autochtone non musulmane et comptait 300 000 âmes soit 10 % de la population du pays. Actuellement, la communauté est réduite à 2 000 personnes.
Le conférencier jalonna son exposé des différentes dates et événements que subirent les juifs marocains, leur interpénétration avec les berbères au début de leur installation au Maroc, leur expulsion d'Andalousie pour certains dès la prise de Grenade par les rois catholiques ou leur conversion forcée pour les autres, les « marranes », qui durent quitter finalement l'Espagne en 1609 alors même que les musulmans purent continuer à résider et travailler en Andalousie.
Au Maroc, la vie des communautés musulmanes et juives prit une forme de complémentarité. Les musulmans étaient essentiellement des ruraux (90 %) et les juifs des urbains, commerçants, notamment des colporteurs ou le commerce maritime, et artisans (fabrication de fil d'or pour les caftans par exemple). Parfois, les juifs intervenaient dans l'agriculteur en association avec les musulman, ces derniers fournissant le travail manuel, les juifs les produits pour ensemencement.
Le 19ème siècle fut celui des mutation avec l'arrivée au Maghreb des français. La conquête d'Alger par la France ainsi que la colonisation de l'Algérie eurent un grand retentissement au Maroc et ouvrit la porte à la pénétration européenne. L'affaiblissement du pouvoir central déboucha sur l'avènement du protectorat. Les juifs ont vu dans la situation de leurs homologues algériens, naturalisés français, une opportunité que ne leur offrait pas le protectorat qui n'avait aucune base légale pour changer le statut des juifs. Une première vague a donc émigrés vers l'Algérie. Puis la période récente, celle faisant suite à la deuxième guerre mondiale et la création de l'Etat d'Israël, a fait le reste.
La communauté juive marocaine constitue une diaspora de un million d'individus à travers le monde. Parce qu'ils partagent avec les marocains de confession musulmane des valeurs communes (une histoire, un territoire) et qu'ils adhérent au principe d'allégeance, ils se revendiquent d'abord de leur marocanité.
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