- alain
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Localisation : EL JADIDA (Maroc)
Rachid : une militante féministe
Ven 10 Mar 2017, 23:21
Rachid : une militante féministe
10 mars 2017
L'Institut français poursuit, au delà du 08 mars, la célébration des femmes. Toujours dans la série des militantes humanistes, après le vernissage de l'exposition de photographies de Leïla Alaoui, ce fut au tour de Fatna EL Bouih, dans un autre registre, celui d'une rencontre littéraire tenue sur le même lieu, la galerie Abdelkébir Khatibi.
C'est un Saïd Loukili, visiblement ému par cette rencontre avec une grande dame marocaine, qui ouvrit la soirée devant un public, ô combien nombreux et avide d'histoire, un public venu se pencher avec lucidité sur les pages sombres des « années de plomb ».
Le dialogue pouvait s'engager. Dans sa présentation du livre « une femme nommée Saïd », Saïd Loukili qualifia l'écriture de Fatna El Bouih « d'écriture existentielle», l'écriture en prison comme source de sourire et de lumière, un « élan vital ». Il s'agit d'un « livre témoignage », le récit d'une partie d'une vie, « un passage qui n'a pas de nom », une « école de vie ». Car, des femmes prisonnières politiques, ce n'était nullement prévu dans un pays où, jusqu'alors, les femmes même si certaines accomplirent des actions notamment pour l'Indépendance, le firent dans l'ombre des époux.
Fatna El Bouih fait partie de la première génération de femmes qui accédèrent au savoir (elle rendit d'ailleurs un hommage appuyé à son père qui lui permit d'aller à l'école) et leur éveil sur la réalité de la condition féminine au Maroc provoqua leur révolte traduite par un militantisme désireux de profonds changements. Jeune étudiante, elle fut donc arrêtée en 1977, jetée en prison sans jugement durant trois ans et, jugée en 1980, elle fut condamner à cinq ans de prison.
Le livre parle avec pudeur de ces huit années, la dépersonnalisation de chaque prisonnière en leur ôtant leur nom et en leur attribuant des prénoms masculin . C'est ainsi que Fatna El Bouih reçut la dénomination de « Rachid n° 45 ». L'auteur dira : « nous étions des disparues ». Mais, en prison, la vie s'organise collectivement pour déjouer les pièges de l'administration pénitentiaire... On apprend à voir avec l'ouïe parce que l'on vous prive de vos yeux bandés afin de ne pas voir les bourreaux... « Dans les pires moments, il y a tout de même des moments meilleurs ».
A la question de savoir si l'auteure était consciente des risques qu'elle prenait dans l'action politique qu'elle menait, celle-ci répond : « nous étions responsables par choix, conscientes de nos combats ». Elle dira aussi le vécu de sa libération : une incompréhension réciproque entre son vécu et ceux qui ne pouvaient imaginer ses souffrances. Son histoire restera longtemps « une histoire refoulée ». La nécessité d'une distanciation et le fait que tous les récits sur les « années de plomb » étaient exclusivement masculin, l'incitèrent à livrer le sien : ce n'est qu'en 2002 qu'elle produisit, en arabe, son livre-témoignage.
Ces « années de plomb » vécues ont laissé Fatna El Bouih plus forte et plus résolue que jamais. Sans animosité et avec une foi optimiste en l'avenir du Maroc, comme se plut à le souligner Damien Hurtebise, Directeur de l'Institut jdidi, elle énuméra les progrès démocratiques, l'avancée en matière de droit tout en mesurant le chemin à parcourir. Un amour indéfectible pour son pays que ses combats ont contribué à façonner...
L'Institut français poursuit, au delà du 08 mars, la célébration des femmes. Toujours dans la série des militantes humanistes, après le vernissage de l'exposition de photographies de Leïla Alaoui, ce fut au tour de Fatna EL Bouih, dans un autre registre, celui d'une rencontre littéraire tenue sur le même lieu, la galerie Abdelkébir Khatibi.
C'est un Saïd Loukili, visiblement ému par cette rencontre avec une grande dame marocaine, qui ouvrit la soirée devant un public, ô combien nombreux et avide d'histoire, un public venu se pencher avec lucidité sur les pages sombres des « années de plomb ».
Le dialogue pouvait s'engager. Dans sa présentation du livre « une femme nommée Saïd », Saïd Loukili qualifia l'écriture de Fatna El Bouih « d'écriture existentielle», l'écriture en prison comme source de sourire et de lumière, un « élan vital ». Il s'agit d'un « livre témoignage », le récit d'une partie d'une vie, « un passage qui n'a pas de nom », une « école de vie ». Car, des femmes prisonnières politiques, ce n'était nullement prévu dans un pays où, jusqu'alors, les femmes même si certaines accomplirent des actions notamment pour l'Indépendance, le firent dans l'ombre des époux.
Fatna El Bouih fait partie de la première génération de femmes qui accédèrent au savoir (elle rendit d'ailleurs un hommage appuyé à son père qui lui permit d'aller à l'école) et leur éveil sur la réalité de la condition féminine au Maroc provoqua leur révolte traduite par un militantisme désireux de profonds changements. Jeune étudiante, elle fut donc arrêtée en 1977, jetée en prison sans jugement durant trois ans et, jugée en 1980, elle fut condamner à cinq ans de prison.
Le livre parle avec pudeur de ces huit années, la dépersonnalisation de chaque prisonnière en leur ôtant leur nom et en leur attribuant des prénoms masculin . C'est ainsi que Fatna El Bouih reçut la dénomination de « Rachid n° 45 ». L'auteur dira : « nous étions des disparues ». Mais, en prison, la vie s'organise collectivement pour déjouer les pièges de l'administration pénitentiaire... On apprend à voir avec l'ouïe parce que l'on vous prive de vos yeux bandés afin de ne pas voir les bourreaux... « Dans les pires moments, il y a tout de même des moments meilleurs ».
A la question de savoir si l'auteure était consciente des risques qu'elle prenait dans l'action politique qu'elle menait, celle-ci répond : « nous étions responsables par choix, conscientes de nos combats ». Elle dira aussi le vécu de sa libération : une incompréhension réciproque entre son vécu et ceux qui ne pouvaient imaginer ses souffrances. Son histoire restera longtemps « une histoire refoulée ». La nécessité d'une distanciation et le fait que tous les récits sur les « années de plomb » étaient exclusivement masculin, l'incitèrent à livrer le sien : ce n'est qu'en 2002 qu'elle produisit, en arabe, son livre-témoignage.
Ces « années de plomb » vécues ont laissé Fatna El Bouih plus forte et plus résolue que jamais. Sans animosité et avec une foi optimiste en l'avenir du Maroc, comme se plut à le souligner Damien Hurtebise, Directeur de l'Institut jdidi, elle énuméra les progrès démocratiques, l'avancée en matière de droit tout en mesurant le chemin à parcourir. Un amour indéfectible pour son pays que ses combats ont contribué à façonner...
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