- alain
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Aéroport de Toulouse :
un avant-goût de la gabegie qui attend ADP
(Aéroports de Paris)
La saga chinoise à l'aéroport de Toulouse-Blagnac est le révélateur d'une politique de privatisation contraire à l'intérêt général.
Le 5 novembre dernier, alors même que le Président Macron était en voyage officiel dans l'empire du Milieu, l'assemblée générale de l'Aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB) a approuvé le versement de dividendes à hauteur de 16,2 millions d'euros représentant les bénéfices de l'exercice 2018 contre l'avis des actionnaires publics locaux que sont la CCI, la Région Occitanie, le département de la Haute-Garonne et la communauté de communes Toulouse Métropole. Ces derniers se plaignent de la gestion de la structure par l'actionnaire principal, le consortium chinois CASIL Europe détenteur de 49,99 % des actions l'accusant de vider les caisses en distribuant, depuis son entrée dans le capital en 2015, les bénéfices et une partie des réserves d'ATB, trouvant un allié en l'Etat français détenteur de 10,01 % d'actions.
Une gestion strictement mercantile
Les actionnaires minoritaires qui totalisent 40 % d'actions dénoncent dans un communiqué commun : « Nous regrettons que l’État […] n’ait pas pris position aux côtés des actionnaires locaux pour garantir la stabilité et l’avenir de cet équipement stratégique pour l’industrie aéronautique en France et en Europe. Alors qu’il s’apprête à céder ses parts à un nouvel actionnaire, Casil Europe fait la preuve, une nouvelle fois, de sa gestion strictement mercantile et à court terme d’une infrastructure majeure pour le territoire », le troisième aéroport régional de France, déplorent-ils.
C'est qu'en effet, le gouvernement français de l'époque, avec un certain Emmanuel Macron, ministre de l'économie, à la manœuvre, avait décidé de la privatisation partielle de ATB. Devant les craintes et les manifestations d'opposition au projet, ne nous avait-on pas assuré que la France contrôlerait toujours le capital puisque la majorité e celui-cil restait aux mains des actionnaires publics (locaux : 40 % ; Etat : 10,01 %).
Et, après 4 années à la tête de l'aéroport toulousain, les Chinois ont résolu de « passer la main » et sont en négociation avec le groupe du BTP Eiffage escomptant une belle plus-value : au bout de seulement 4 ans, ils espèrent revendre leur participation, acquise auprès de l'Etat français 250 millions d'euros, au prix de 500 millions d'euros.
Révélateur...
Au travers de cette pratique obscure de « vente des bijoux de famille » que chaque gouvernement de ces trente dernières années a pratiqué afin de boucher quelques trous, on devine à quoi pourrait ressembler la privatisation d'ADP (aéroports de Paris) dont nous nous sommes fait par ailleurs largement l'écho. On peut mesurer à quel point, au nom d'un libéralisme débridé, le gouvernement français actuel est prêt à brader notre indépendance en matière de transport aéronautique. Il est encore temps de signer la pétition pour un référendum d'initiative partagée concernant ADP. Ce sont les Français qui doivent décider des questions stratégiques engageant leur avenir.
Dernière édition par alain le Jeu 07 Nov 2019, 09:18, édité 1 fois
Commentaires
Re: Aéroport de Toulouse : un avant-goût de la gabegie qui attend ADP (Aéroports de Paris)
Mer 06 Nov 2019, 23:17alain
Comprendre :
Les Chinois aux commandes de l'aéroport de Toulouse-Blagnac
En 2015, l'État détient encore 60 % du capital de l'aéroport, aux côtés de la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse qui en détient 25 %, et des collectivités territoriales (Région Midi-Pyrénées, Département de Haute-Garonne, Communauté urbaine de Toulouse Métropole) qui en possèdent chacune 5 %. En juillet 2014, l'État annonce vouloir céder jusqu'à 49,99 % du capital afin de réduire son déficit, même si cela ne permet pas de réduire sa dette. La vente est organisée alors qu'Emmanuel Macron est ministre de l'Économie. En décembre 2014, le consortium Symbiose, constitué de la société Friedmann Pacific Asset Management (FPAM, société créée pour l'occasion au paradis fiscal des Îles Vierges britanniques !), et de l'entreprise d'État chinoise Shandong High Speed Group est retenu par l'État pour le rachat de 49,99 % du capital de l'aéroport pour 250 millions d'euros, une offre préférée aux propositions françaises de Vinci et Aéroports de Paris. Casil Europe, qui appartient à un consortium chinois qui n'a aucune expérience dans le domaine aéroportuaire est choisie, selon un rapport de la Cour des comptes, sur la base de critères de recevabilité des candidats « peu exigeants et limités à leur capacité financière. »
La vente est officialisée le 17 avril 2015 à Casil Europe (China Airport Synergie Investment Limited), société française créée et détenue par Shandong Hi-speed Group et Friedmann Pacific AM (société-écran d'un seul employé et sans domiciliation réelle), tandis que les collectivités locales et l'État conserve 50,01 % du capital. Le projet industriel de Casil Europe, axé sur la croissance du trafic de l'aéroport, se concrétise en 2016 par divers investissements destinés à amplifier le projet d'extension de la plateforme, développer le low-cost et mettre en œuvre une politique de diversification immobilière. Par la suite, la presse relaie l'information, selon Coralie Delaume et David Cayla, que « le consortium « vidait les caisses » de l'entreprise en versant (malgré les tentatives d'opposition d'actionnaires publics minoritaires) des dividendes considérables dont une partie était prélevée sur les réserves de l'entreprise ».
Début 2019, Casil annonce remettre en vente l'aéroport pour 500 millions d'euros, soit une plus-value de 80 % (250 millions d'euros) en seulement quatre ans, sans qu'aucune modernisation substantielle n'ait été apportée aux équipements. La Cour des comptes a émis un rapport cinglant sur ces tractations troublantes, disant que « la question des conflits d'intérêts entre conseils [de l'État] doit être anticipée et traitée avec la plus grande fermeté pour limiter les risques contentieux ».
Le 16 avril 2019, la cour d'appel du tribunal administratif de Paris, saisie par des particuliers et deux organisations syndicales (Solidaires 31 et FSU 31) membres du collectif contre la privatisation d'ATB, a annulé l'autorisation de vente des actions de l'Etat à la société Casil Europe. Le collectif contre la privatisation de l'aéroport s'en félicite dans un communiqué et indique sa volonté de faire annuler l'acte de vente auprès du tribunal de commerce de Paris dans une autre publication.
Toutefois, la Conseil d'Etat , dans sa décision du 9 octobre 2019, a annulé l'arrêt de la Cour d'appel administrative de Paris et validé ainsi la vente de 2015 par l'Etat à Casil Europe. « Une décision éminemment politique » a précisé l'avocat des organisations syndicales qui envisage un recours devant la juridiction européenne.
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