16/08 - marche plaisir rive gauche de l'Oum Rbia

Carle a écrit:

Mercredi 16 Août 2023 parking des palmiers 9H 15, notre duo jean-marie et moi-même décidons d’une nouvelle aventure, les chefs et sous chefs en vacances on s’émancipe. C’est Jean-Marie l’éclaireur qui aujourd’hui guidera nos semelles dans la campagne de l’arrière pays Jdidi. Direction : rive gauche de l’Oum avec l’arrêt coutumier sur un petit espace de terre surveillé par le minaret de la mosquée toute proche. C’est elle-même, comme une tour de garde toisant fièrement l’Oum, qui serpente grassement à ses pieds et qui, surprise, est aujourd’hui à un niveau d’étiage satisfaisant.

Nous traverserons le douar tranquillement où visiblement les chiens, assommés par la chaleur, dorment tranquillement à l’abri d’un appentis. A la sortie du douar nous nous dirigeons sur un chemin habituel qui offre une belle vue sur l’Oum bordée sur sa rive droite de parcelles de terre plantées de maïs, de luzerne et de courges. La terre est brulée, sèche ; en ramassant une motte de terre, celle-ci s’effrite sous mes doigts et se répand au sol comme un filet de sable : la terre a soif ! Il y a cependant, ça et là, des parcelles cultivées et irriguées qui, elles, sont verdoyantes. L’une d’elle nous attire : c’est un joli champ de maïs. En s’approchant de celle-ci, on constate la création "d’une bassine" qui se remplit doucement par l’intermédiaire d’un tuyau en PVC, lui-même connecté à une pompe électrique alimentée par deux panneaux solaires d’une surface de 4 m2 environ. Nous sommes hélés par un paysan qui, coiffé de son chapeau de paille tressée, vient rapidement nous saluer et nous inviter à pénétrer sur la parcelle qui reçoit la bassine et la pompe hydraulique. Nous pénétrons dans une petite casemate où est fixée au mur l’appareillage électrique qui produit et distribue l’électricité. Un gardien est présent dans ce petit réduit technique et c’est avec difficultés que nous expliquons notre présence en ces lieux. Des verres de thé vides trônent sur une petite table de bois, les discussions

sont amicales et teintées de curiosité d’ailleurs rapidement une sebsi surgit entre les mains du paysan qui nous avait hélé et c’est sous une odeur de kif que nous quittons nos hôtes encouragés par ceux-ci à longer le champ de maïs et découvrir au bout de celui-ci les rives de l’Oum. Une promenade nouvelle et pleine de charme s’ouvre devant nous. Jean-Marie a une pensée pour les petits marcheurs et marcheuses qui, en ce bel endroit, peuvent envisager quelques itinéraires tranquilles. Journée de rencontres, elle fût. En effet, à peine nous quittions le parking du Douar, qu’une dame nous fit signe de nous arrêter et nous demanda si nous pouvions l’emmener, le marché fut conclu dans un regard de remerciements gracieux puis une centaine de mètres plus loin, sur le côté d’une route de terre, une jeune femme portant son bébé dans le dos à la façon traditionnelle cheminait également avec sa fille âgée d’une dizaine d’années sous un soleil cuisant. Je baisse la vitre, je demande à la première passagère de demander à cette jeune mère de famille si elle veut qu’on la transporte et c’est dans des éclats de rires que nous avons convoyé ces deux femmes et les enfants pendant 3 à 4 km jusqu’à un établissement public marocain où elles avaient rendez-vous. On n’oublie pas les regards chargés de bonté et de remerciements et le plaisir d’aider "l’autre" celle ou celui que "la bonne société" ignore, et qui pourtant sans elles sans eux, nous mangerions quoi ?

"Mon coeur deviendra-t-il un arbre lourdement chargé de fruits que je pourrai cueillir et leur donner?"

(Khalil Gibran)