- alain
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Date d'inscription : 11/04/2011
Age : 76
Localisation : EL JADIDA (Maroc)
11112012
Grand-père Lucien
Un 11 novembre maussade à El Jadida... J'ai une forte pensée pour mon grand-père Lucien qui, de son vivant, ne manquait aucune cérémonie commémorant l'Armistice de 1918 : hommage d'un ancien poilu à ses camardes de galère disparus. Loin de la tombe de l’aïeul tant aimé, je n'ai aucun besoin de me rendre dans aucun cimetière pour penser à lui. C'est comme ça : je crois plus en la mémoire des gens qu'en ces cérémonies traditionnelles tendant à fleurir des tombes. Je n'ai pas besoin d'une journée de commémoration pour faire vivre en moi, tous ces moments de bonheur passés avec grand-père Lucien.
Pourtant, jeune écolier, je n'aurais manqué pour rien au monde cette cérémonie au monument aux Morts et au cimetière local afin de fleurir la tombe d'un de ces héros inconnus. De ce temps là, l'école de la République entretenait la mémoire et inculquait aux générations futures le respect et la reconnaissance envers ceux qui ont permis de faire de notre pays notre fierté.
Grand-père Lucien était né en septembre 1897 et avait été incorporé début 1917 pour subir son « baptême du feu » au Chemin des Dames de bien triste mémoire : un carnage... Pourtant, Lucien en ressortit indemne, fait seulement prisonnier en fin de conflit. Il fut libéré en 1919, se maria avec sa marraine de guerre, ma grand-mère au si beau prénom bien particulier de Zénaïde.
Il ne m'a jamais parlé de ses souffrances au front... Simplement, toute sa vie, une vie humble d'agriculteur gersois, il milita contre la guerre, «l'horreur des horreurs ». Il avait fait son devoir de français mais ne pouvait pardonner aux « marchands de canons » des deux côtés, d'avoir, pour leurs seuls profits, sacrifié ces millions de morts. C'est ce qu'il m'a enseigné et cet enseignement vaut tout l'or du Monde.
Lucien, déjà décoré de la Croix de guerre avec deux citations à l'ordre de son régiment et de la Médaille Militaire, eut la reconnaissance de la Nation bien tardivement : le 14 janvier 1984, il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire. Alors qu'aujourd'hui on s'empresse de donner la Légion d'Honneur à n'importe quel quidam parce qu'il est « en cour » avec le Pouvoir, on a « oublié » tous les héros inconnus tombés au « champs d'honneur ». C'est bien ce qui désolait grand-père Lucien. Le félicitant pour sa promotion, Lucien me dit : « tu sais, moi, je ne mérite rien : je suis en vie, mais ceux qui y sont restés, auraient mérité plus que moi. C'est pour eux, et pour eux seuls, que j'ai accepté cette décoration. C'est en quelque sorte leur rendre l'hommage qu'on leur doit. »
Oui, je ne suis pas un adepte des cimetières et des cérémonies. Mais, pour Lucien et pour tous les autres, ceux qui sont tombés et ceux qui ont fait leur devoir, chrétiens, juifs ou musulmans, ce 11 novembre aurait bien mérité une cérémonie au cimetière d'El Jadida...
Pourtant, jeune écolier, je n'aurais manqué pour rien au monde cette cérémonie au monument aux Morts et au cimetière local afin de fleurir la tombe d'un de ces héros inconnus. De ce temps là, l'école de la République entretenait la mémoire et inculquait aux générations futures le respect et la reconnaissance envers ceux qui ont permis de faire de notre pays notre fierté.
Grand-père Lucien était né en septembre 1897 et avait été incorporé début 1917 pour subir son « baptême du feu » au Chemin des Dames de bien triste mémoire : un carnage... Pourtant, Lucien en ressortit indemne, fait seulement prisonnier en fin de conflit. Il fut libéré en 1919, se maria avec sa marraine de guerre, ma grand-mère au si beau prénom bien particulier de Zénaïde.
Il ne m'a jamais parlé de ses souffrances au front... Simplement, toute sa vie, une vie humble d'agriculteur gersois, il milita contre la guerre, «l'horreur des horreurs ». Il avait fait son devoir de français mais ne pouvait pardonner aux « marchands de canons » des deux côtés, d'avoir, pour leurs seuls profits, sacrifié ces millions de morts. C'est ce qu'il m'a enseigné et cet enseignement vaut tout l'or du Monde.
Lucien, déjà décoré de la Croix de guerre avec deux citations à l'ordre de son régiment et de la Médaille Militaire, eut la reconnaissance de la Nation bien tardivement : le 14 janvier 1984, il fut fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire. Alors qu'aujourd'hui on s'empresse de donner la Légion d'Honneur à n'importe quel quidam parce qu'il est « en cour » avec le Pouvoir, on a « oublié » tous les héros inconnus tombés au « champs d'honneur ». C'est bien ce qui désolait grand-père Lucien. Le félicitant pour sa promotion, Lucien me dit : « tu sais, moi, je ne mérite rien : je suis en vie, mais ceux qui y sont restés, auraient mérité plus que moi. C'est pour eux, et pour eux seuls, que j'ai accepté cette décoration. C'est en quelque sorte leur rendre l'hommage qu'on leur doit. »
Oui, je ne suis pas un adepte des cimetières et des cérémonies. Mais, pour Lucien et pour tous les autres, ceux qui sont tombés et ceux qui ont fait leur devoir, chrétiens, juifs ou musulmans, ce 11 novembre aurait bien mérité une cérémonie au cimetière d'El Jadida...
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