- CARLE
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Date d'inscription : 01/10/2017
08032021
A leurs mémoires, celle qui aide à tenir ce fil d’émancipation et de liberté rêvée. |
Des femmes au Maroc ont été vizir (ministre) de facto, comme Khnata bent Bakkar (1662?-1742), qui était conseillère de son conjoint, le sultan Moulay Ismaïl, pendant un demi-siècle. Après le décès de ce dernier, et compte tenu de l’accession de son fils en bas âge au trône, elle a dirigé le Maroc pendant 16 ans en tant que régente. Durant sa carrière de 66 ans, elle a géré avec succès de nombreuses crises qui auraient pu coûter au pays son intégrité politique et territoriale.
Parmi les héroïnes des luttes paysannes contre le pouvoir central, mentionnons Kharboucha. Cette poète et chanteuse engagée représente à la fois les luttes des tribus contre le makhzen (le pouvoir central), les luttes des paysans contre la tyrannie des élites urbaines et les luttes d’une femme artiste contre un homme de pouvoir à la fin du XIXe siècle.
Plus tard, lors de l’éruption des mouvements sociaux, féministes et populaires à l’échelle planétaire dans les années 1960, de nombreuses femmes ont œuvré pour l’avènement d’une révolution socialiste au Maroc, notamment Saïda Menebhi (1952-1977), qui a payé de sa vie ses idéaux de démocratie, de justice sociale, d’égalité entre les sexes et en faveur des droits humains. Elle a commencé sa carrière politique en 1972, à l’âge de 20 ans, militant alors au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc. Toutefois, son militantisme sera bref. En 1973, le gouvernement dissout l’organisation et procède à l’arrestation des membres de son comité exécutif et de nombreux autres étudiants. Mais Menebhi refuse d’être ainsi désœuvrée. Elle adhère à l’Union marocaine du travail et à Ila al-amam (« En avant »), une organisation marxiste-léniniste clandestine qui milite en faveur de la révolution socialiste au Maroc. Sans tarder, elle se heurte à la répression sauvage. Le 16 janvier 1976, elle « disparaît » dans le centre de torture de triste mémoire de Casablanca : Derb Moulay Chérif. Quelques mois après sa disparition, elle ressurgit lors du procès de masse de 1977. En plus d’être accusée d’atteinte à la sécurité de l’État, elle est interrogée au sujet de sa relation illégale, c’est-à-dire hors mariage, avec Aziz Laarich. Loin de se sentir coupable de quoi que ce soit, elle dénonce les conditions d’existence difficiles des femmes, sous les applaudissements de l’audience. Elle consacrera aux femmes une partie de ses poèmes et textes écrits en prison, dans lesquels elle dénonce leur double marginalisation, à la fois sociale et économique. À la suite du procès de masse de 1977, elle est condamnée à cinq ans de prison, plus deux ans pour outrage à un magistrat. Comme ses conditions de détention sont inhumaines, elle entame une grève de la faim. Faute de soins, elle meurt le 11 décembre 1977, à l’hôpital Averroès de Casablanca. Elle laissa le souvenir d'une jeune femme de conviction pour la liberté et l'égalité. Ses poèmes écrits en prison sont l'expression de la condamnation de toutes les formes d'aliénation.. Elle avait 25 ans.
Sources :Centre justice et foi ICIMaroc réalité ICI
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