Compte rendu et impressions : A propos des sonneurs bretons

Carle a écrit:

Cela se passe vendredi dernier...
Nous arrivons avec Driss vers 19H 20 dans la cité portugaise au pieds des remparts où déjà une petite assemblée de Français s’est rassemblée au milieu de jeunes marocains : en tout une trentaine de personnes.

Les musiciens démarrent le concert au pieds des remparts et montent les marches. Nous arrivons sur les remparts où un dégagement offrant une place est aménagé avec une quarantaine de chaises toisées par le panneau de l’institut français et son logo. Une brève présentation des musiciens fut déclamée par la présidente de l’Institut français, puis les musiciens firent de même d’une façon brève où s’ajoutèrent des descriptions des trois instruments utilisés pour ce concert à savoir : Bombarde, Cornemuse écossaise(Biniou Braz) et Biniou khoz (Cornemuse Bretonne). Le concert donné par ces deux sonneurs nous fit découvrir différents airs de danse du patrimoine Breton : Gavotte, Dans Plinn, Cercle Circassien, An Dro…

Derrière les musiques traditionnelles, il y a des peuples, des histoires, des us, des coutumes... de tout cela, il n’en fut pas question. Les musiques de ces deux sonneurs furent séparées de leur contexte, celui des mariages, des fêtes religieuses, des enterrements, des batailles ancestrales, celles qui ont forgé leur pays et leur identité celtique. La Bretagne c’est aussi 4 régions administratives : Côtes d’Armor, Le Finistère, L’Ille- et- Vilaine et le Morbihan. De tout cela il n’en fut pas question.

Les deux musiciens étaient affublés d’un costume traditionnel breton finement brodé, placés là sur les remparts comme sortis de nulle part à l’image des zoos humains que l’on pouvait découvrir à Paris lors de l’exposition universelle de 1889 où, le 5 Mai, quelques quatre cents africains, asiatiques prenaient possession du Champs de Mars. Ce fut l’attraction phare de l'Exposition, ces Africains, Kanaks et Annamites, on avait eu l'immense honneur ( !) d'être les habitants du premier village indigène organisée dans le cadre d’une exhibition ethnologique, comme le rapportait alors la presse l’époque.

Ces deux musiciens bretons ne sont pas des personnages exotiques sortis des cendres que l’on remue mais bien des braises que l’on ravive. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la vie culturelle en Bretagne où il y a pratiquement un musicien par famille et une culture vivante qui s’inscrit avec brio parmi les musiques actuelles. Je pensais qu’offrir ce genre de concert en partenariat avec la BMCI qui est une filiale de BNP Paribas auraient eu un autre cachet, une autre approche plus respectueuse de la culture Bretonne et de son patrimoine. Il aurait été intéressant de montrer  sa filiation avec la Galice, l’Ecosse, l’Irlande et la diaspora irlandaise des Etats-Unis  comme celle de l’Angleterre dont l’Histoire remonte à la grande famine que connut l’Irlande de 1846 à 1851 et qui vit une grande parti de la population  irlandaise émigrer.

Les musiques de ces deux sonneurs disent la danse : la Gavotte, l’Ando, Le Plinn, le cercle circassien. Elles disent aussi les choses de la vie : les mariages, les naissances, la mort, les batailles ancestrales, les amours perdus.

Ce fut une rencontre à l’image d’un ancien film en noir et blanc un de ces films où l’on s’attarde sur les chapeaux melons, les robes en crinoline et les calèches d’où descendent des messieurs en redingote. Un constat s’impose : ce n’est pas avec un tableau Exel que l’on écrit ou que l’on joue de la musique et ce n’est pas en confiant le ministère de la culture à une ancienne Garde des Sceaux que cela va s’améliorer en se rappelant de l’une de ses sorties au sujet de Nicolas Sarkozy : "Quand on est candidat à la fonction suprême, on est pas là pour faire des sketches’’. Je peux, au regard de ses premiers pas au Ministère de la culture, lui retourner les mêmes propos que ceux qu’elle avait proférés à l’égard de Nicolas Sarkozy.