Lyautey, le résident : "le Maroc n'est qu'une province de mon rêve" (compte rendu)

LyauteLyautey, le résident : "le Maroc n'est qu'une province de mon rêve"

café-littéraire du 06 juin 2014

	N'en déplaise aux contradicteurs de "El Jadida 24", le dernier café-littéraire de la saison a connu une affluence particulièrement fournie. Animé par Abdelali ERRHOUNI qui recevait Guillaume JOBIN pour son livre sur LYAUTEY, il faut croire que le personnage fascine l'imaginaire tant des marocains que des français, ces derniers nombreux parmi le public, une fois n'est pas coutume. L'auteur, dans un exposé liminaire dense et argumenté, nous présenta le personnage principal de son livre sous un jour nouveau. Celui qui devint le premier "commissaire résident français au Maroc" contribua durant douze années à façonner le Maroc et son empreinte, à contre courant de la politique de colonisation ambiante, fut une chance pour le pays. En rétablissant les fastes de la monarchie chérifienne lui permettant de s'appuyer sur une élite autochtone, en circonvenant en douceur l'Islam marocain, il a gagné la paix et
cela pour plus d'un siècle. Certainement plus fonctionnaire que militaire, il s'avéra un bon républicain alors que l'opinion communément répandue le classe comme un aristocrate voire un monarchiste. Il sut attirer au Maroc les capitaux des grandes entreprises de l'époque ce qui permis à l'Etat français de n'avoir rien à débourser, l'auteur nous indiquant même que de toutes les colonies françaises, c'est le Maroc qui seul fut financièrement bénéfique pour la France. Indiscutablement Hubert Lyautey aimait le Maroc. S'il ne fut pas, contrairement à ce qui est communément répandu, celui qui interdit aux non-musulmans l'accès aux lieux de culte, il mit dans les textes officiels cette caractéristique de l'Islam marocain. Le respect de l'Islam peut laisser à croire que le maréchal était musulman. En fait, rien ne vient étayer cette hypothèse. Artiste, athée, versatile, homosexuel, dilettante, indépendant, narcissique, subdépressif et impatient, il était selon lui-même "tout cela à la fois et bien plus".
	En tout cas, sa façon de diriger le pays allait à l'encontre de l'idée coloniale telle qu'elle existait à l'époque, et ce fut le cartel des gauches qui mis fin d'une manière brutale à l'expérience Lyautey. L'auteur nous indique qu'en ces années là, la gauche française était une farouche partisane de la colonisation qui apportait aux peuples "les bienfaits de la civilisation française"... L'expérience Lyautey au Maroc est singulière et l'on peut dire que celui-ci fut le "père de l'exception franco-marocaine", la bonne entente privilégiée entre les deux nations. S'en suivit un débat vif et passionné entre l'auteur et le public. Guillaume Jobin répondit aux nombreuses questions sur le personnage, des intervenants marocains exprimèrent soit des critiques, soulignèrent des échecs, soit démontrèrent exemples à l'appui, les succès dus à la politique menée par le maréchal-résident et qui ont mis le Maroc sur la route de la modernité...

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